Etude

Les musées britanniques mal dotés

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 15 décembre 2006 - 498 mots

Une enquête compare les budgets d’acquisition des institutions de Grande-Bretagne à ceux de leurs homologues étrangers.

LONDRES - L’Art Fund, un organisme britannique chargé d’acquérir des œuvres pour les musées, vient de publier la première étude internationale comparant les budgets d’acquisition des grands musées pour les États-Unis, la France, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne. Ce rapport, qui ne prend pas en compte les donations, conclut que « les principaux musées d’art britanniques sont loin derrière les autres musées de dimension mondiale par leur budget d’acquisition de nouvelles œuvres ». D’après cette étude, en 2004-2005, « le Metropolitan Museum of Art [Met, à New York] a disposé d’un pouvoir d’achat huit fois supérieur à celui de la National Gallery [de Londres], et soixante-dix fois supérieur à celui du British Museum [à Londres], [tandis que] celui du Museum of Modern Art [MoMA] à New York a été quatre fois supérieur à celui de la Tate ».
Cependant, les comparaisons internationales sont toujours difficiles, surtout si l’examen se focalise sur une seule année. Par exemple, le Metropolitan a acheté la Vierge à l’Enfant de Duccio pour 38,5 millions d’euros, alors qu’il dépense habituellement environ 26,6 millions en acquisitions. En outre, le Met couvre l’ensemble des domaines d’acquisition des quatre musées londoniens (dont le budget cumulé est de 19,5 millions d’euros). En Grande-Bretagne par ailleurs, la réglementation fiscale a procuré à cette époque un supplément pour les acquisitions évalué à 7,7 millions d’euros pour les musées londoniens.
Le budget d’acquisition du Rijksmuseum à Amsterdam, de 14,4 millions en 2004-2005, a été gonflé par l’acquisition du Bourgmestre de Delft et sa fille, de Jan Steen, pour 11,8 millions, même si le musée destine presque chaque année des sommes considérables à l’enrichissement de ses collections. Celui du Musée du Louvre résulte en partie de nouvelles incitations fiscales et inclut le versement par Axa de 11 millions d’euros pour l’achat du Portrait du duc d’Orléans par Ingres. Enfin, le budget d’acquisition de la National Gallery de Londres était beaucoup plus élevé lors de la précédente année budgétaire, à cause de l’acquisition de la Madonna dei Garofani de Raphaël, pour 32,5 millions d’euros (ainsi que d’une œuvre d’un montant de 19 millions acquise grâce à des mesures fiscales).
La situation des musées britanniques apparaît encore plus dégradée si on la compare à celle de leurs homologues américains, français et néerlandais, même si l’étendue de cette dégradation varie selon l’interprétation des budgets. Il existe néanmoins un fossé entre les 29,7 millions d’euros dépensés par le MoMA et les 7,1 millions d’euros dotant la Tate. Comme le souligne le directeur de l’Art Fund, David Barrie, « les musées britanniques luttent pour rester au niveau de leurs homologues internationaux ».

Acquisitions des musées 2004-2005 (en millions d’euros)

- Metropolitan, New York 79,2 - MoMA, New York 29,7 - Louvre, Paris 24,9 - Getty, Los Angeles 15,6 - Rijksmuseum, Amsterdam 14,4 - National Gallery, Londres 9,3 - Tate, Londres 7,1 - Victoria & Albert, Londres 1,9 - British Museum, Londres 1,2

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°249 du 15 décembre 2006, avec le titre suivant : Les musées britanniques mal dotés

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