Plus de 550 sites et monuments néolithiques intègrent la Liste du patrimoine mondial. L’aboutissement d’une longue quête de reconnaissance.
Sud Morbihan. C’est le 54e site français inscrit à l’Unesco, et le tout premier à être exclusivement breton. Depuis le 12 juillet, les mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan ont intégré la Liste du patrimoine mondial. Menhirs, dolmens, tumulus et cairns structurent la lande bretonne depuis le Néolithique, formant un patrimoine exceptionnel par sa diversité autant que par sa densité.
Leur reconnaissance internationale marque l’aboutissement d’un bien long processus. Dans les années 1990, un premier projet de candidature avait été initié sans succès, exclusivement centré sur l’inscription des alignements de Carnac. Vieux de 6500 ans, avec ses quelque 3 000 menhirs alignés sur près de 4 kilomètres, le site est le plus célèbre des monuments mégalithiques morbihannais. Lorsque le dossier est relancé vingt ans plus tard, le périmètre n’est plus le même. « Ce n’était plus pertinent de continuer dans cette voie-là. Le projet a donc été réactualisé avec une prise en compte des abords, explique Victoire Dorise, directrice de l’association Paysages de mégalithes, qui porte le projet depuis 2012. Cela a été extrêmement complexe de réussir à poser le trait, à définir les périmètres et caractéristiques scientifiques. Car des mégalithes, il y en a partout sur le territoire. » Finalement, l’ensemble défini inclut 557 sites et monuments, érigés sur toute la période du Néolithique (entre 5000 et 2300 avant J.-C.) et répartis dans 28 communes du Morbihan, sur un territoire de plus de 1 000 kilomètres. Leur point de convergence : la relation étroite qu’ils entretiennent avec le littoral, bien que ce paysage ait bien évolué depuis avec la remontée du niveau marin.
Parmi eux, quatre sites – dotés d’une billetterie et soumis à une jauge – sont déjà bien connus du grand public. Outre les alignements de Carnac (qui enregistrent plus de 600 000 visiteurs par an), on compte le cairn de Petit-Mont à Arzon ainsi que le cairn de l’île de Gavrinis (voir ill.), tombe construite entre 4100 et 3500 avant J.-C. dont les extraordinaires gravures lui valent le surnom de « chapelle Sixtine du Néolithique ». Chaque année, plus de 60 000 visiteurs foulent aussi le site de Locmariaquer pour admirer le tumulus d’Er Grah, le dolmen de la Table des Marchands et le Grand Menhir brisé, un immense monolithe de 20 mètres. Avec l’inscription Unesco, surgit la crainte d’un surtourisme. Une inquiétude qu’Olivier Lepick, maire de Carnac, écarte : « La légende qui voudrait qu’une inscription amène 30% de visiteurs en plus est fausse, c’est très variable selon les cas ! Et nous ne recherchons pas une fréquentation supérieure. Notre objectif, c’est plutôt d’amener les visiteurs vers d’autres sites plus méconnus du territoire. »
Ainsi, le plan de gestion a mis l’accent sur l’aménagement de voies de circulation douce, la mise en place d’une signalétique commune, l’amélioration de l’expérience visiteur. « Mettre en maillage l’ensemble de ces sites, c’est un enjeu fondamental, corrobore Victoire Dorise. Et l’objectif dont tout découle, c’est la préservation de tous ces sites. Ils correspondent à des réalités très disparates, certains appartiennent à l’État, au Département, mais les trois quarts ont des propriétaires privés. Comment valoriser un menhir dans un trottoir ? Comment entretenir un tertre dans un champ d’agriculteur ? » L’enjeu de protection est donc de taille, d’autant plus qu’un grand nombre de mégalithes sont encore enfouis et immergés. Le sujet est sensible, les inquiétudes ayant été ravivées par la polémique survenue il y a deux ans, lorsque trente-neuf menhirs ont été détruits au cours de la construction d’un magasin de bricolage à Carnac. La mise en place de points de vigilance s’est donc imposée comme une priorité, tandis qu’un guide d’entretien a été conçu à l’attention des propriétaires de mégalithes. La recherche archéologique, quant à elle, se poursuit après qu’une vaste campagne de prospection Lidar ait été menée sur l’ensemble du territoire.
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Les Mégalithes de Carnac et du sud Morbihan inscrits à l’Unesco
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°660 du 5 septembre 2025, avec le titre suivant : Les Mégalithes de Carnac et du sud Morbihan inscrits à l’Unesco









