Patrimoine

Le World Monument Funds alerte sur 25 sites en danger

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 4 février 2025 - 658 mots

L’ONG a publié une nouvelle liste de 25 lieux patrimoniaux nécessitant une préservation urgente. Parmi eux, la chapelle de la Sorbonne, Gaza et… la Lune.

Le site d'alunissage de la mission Apollo 11 figure dans la liste pour sensibiliser le public. Ici, Le module lunaire photographié par Armstrong. © NASA
Le site d'alunissage de la mission Apollo 11 figure dans la liste pour sensibiliser le public. Ici, Le module lunaire photographié par Armstrong.
© NASA, 1969

Monde. Première liste publiée par le World Monuments Fund (WMF) depuis 2022, la Watch 2025 est le reflet des catastrophes survenues au cours des trois dernières années. Catastrophes naturelles, avec l’inclusion des sites historiques de la péninsule de Noto (Japon) et de la vieille ville d’Antakya (Turquie), deux régions dévastées par de violents séismes. Catastrophes humaines également, avec deux biens menacés par des conflits présents parmi la liste de 25 monuments en péril publiée par l’ONG.

La Maison de la révolution ukrainienne, endommagée par un tir de missile russe en 2022, symbolise ainsi la nécessité de préserver les monuments revêtant une portée symbolique lors des conflits : l’ancien parlement de Kyiv incarne le combat du peuple ukrainien pour son indépendance. Le conflit qui déchire la bande de Gaza depuis octobre 2023 n’est lui pas représenté par un monument précis, mais par l’intitulé plus large du « tissu urbain historique ». Une désignation volontairement large, pour souligner la « détresse et dévastation généralisées, en vies humaines comme en destruction de sites patrimoniaux » : en décembre 2024, 63 % du bâti de Gaza avaient été endommagés par l’armée israélienne, dont 31 % de destruction complète. Le WMF relève la destruction de certains bâtiments remarquables (la Grande Mosquée d’Omari, le palais Mamelouk de Qasr al-Basha) et le danger persistant pesant sur d’autres (le monastère de Saint-Hilarion, l’église grecque de Saint-Porphyre).

Outre les conflits, d’autres menaces sont mises en lumière par le WMF : le changement climatique, l’urbanisation, ou le surtourisme. Parmi les 200 candidatures soumises à l’ONG, celle-ci a pu dresser de grandes tendances par continent. Les monuments africains sont ainsi particulièrement exposés aux effets du dérèglement climatique (81 % des sites proposés), à l’image du patrimoine côtier des sultanats swahilis, partagé entre les Comores, le Kenya, la Tanzanie et le Mozambique. En Amérique du Sud, c’est l’activité touristique qui représente le premier défi posé aux biens patrimoniaux (78 % des sites soumis). Le réseau de chemin préhispanique reliant six pays du continent, le Qhapaq Ñan, est ainsi confronté à une fréquentation touristique en hausse, qui met en péril l’intégrité du bien, mais également sa signification culturelle pour les populations locales.

Les éléments patrimoniaux menacés par une urbanisation rapide sont particulièrement présents en Asie, et notamment en Inde, représentée par deux sites sur la liste de 2025. Le système hydraulique historique de la ville de Bhuj est ainsi présenté comme l’une des victimes du développement urbain, mais pourrait aussi représenter une solution pour répondre aux besoins croissants en eau de la population. Les bâtiments coloniaux bordant la rivière Musi, à Hyderabad, sont également confrontés aux métamorphoses rapides de la métropole, et doivent trouver un nouvel usage après des années d’abandon.

Façade de la chapelle Sainte-Ursule de l'Université la Sorbonne à Paris. © Celette, 2019.
Façade de la chapelle Sainte-Ursule de l'Université la Sorbonne à Paris.
© Celette, 2019.

En Europe, le WMF souligne les difficultés parfois rencontrées pour monter des opérations de restaurations et ouvrir le patrimoine aux habitants. Un exemple français, et emblématique de ces problèmes, est sélectionné dans la liste : la chapelle de la Sorbonne, fermée au public depuis 1999. L’association annonce un partenariat avec la Ville de Paris et la chancellerie des universités de Paris pour enfin rouvrir la chapelle endormie, et mener les restaurations nécessaires à l’ouverture au public.

L’accueil des visiteurs n’est pas encore un enjeu pour le dernier des sites sélectionnés par le WMF : la Lune. Une addition surprenante à cette liste de biens patrimoniaux en danger, qui vise à « créer une prise de conscience chez le grand public autour des sites historiques remarquables et de la signification de la Lune pour toutes les cultures du Monde. » Ce sont les lieux d’alunissage des missions lunaires qui sont ici visés, et notamment celui d’Apollo 11, au cœur de la « mer de la tranquillité », lieu du premier pas de l’homme sur la Lune. Le WMF espère ainsi que les prochaines missions mettant le cap sur notre satellite prendront en compte la préservation de ces traces.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°648 du 31 janvier 2025, avec le titre suivant : Le World Monument Funds alerte sur 25 sites en danger

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