Restitutions

Le Victoria & Albert Museum rouvre le débat sur la restitution du patrimoine éthiopien

Par Alexia Lanta Maestrati · lejournaldesarts.fr

Le 5 avril 2018 - 362 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Le directeur de l’institution londonienne a proposé à l’Ethiopie un prêt sur le long terme d’objets pillés par les britanniques.

Couronne, probablement fabriquée à Gondar, Ethiopie, vers 1740
Couronne, probablement fabriquée à Gondar, Ethiopie, vers 1740
© Victoria and Albert Museum, Londres

A l'occasion de la commémoration de la Bataille de Magdala pendant l'expédition punitive que mena le Royaume-Uni en Ethiopie en 1868, le Victoria and Albert Museum présente du 5 avril 2018 au 30 juin 2019 une sélection de 20 objets pillés et présents dans ses collections. Directeur du musée depuis février 2017, Tristram Hunt a profité de l'événement pour proposer à l’Ethiopie un prêt à long terme de ces objets emportés. 

En avril 1868, les troupes britanniques envahissaient Magdala (aujourd’hui Amba Mariam) alors capitale de l'Empire d'Ethiopie. La bataille fut remportée par la Grande-Bretagne et l'empereur Téwodros II se suicida à sa suite. Des centaines d’objets furent volés et sont aujourd’hui répartis, selon The Guardian, dans une douzaine d’institutions britanniques dont le Victoria and Albert Museum et le British Museum. 

En 2007, l’Ethiopie avait fait une première demande officielle de restitution de ces objets alors refusée par le Royaume-Uni.

Plus de dix ans après, le directeur du Victoria & Albert Museum, Tristram Hunt propose un prêt de longue durée. Selon lui il s’agit de « la démarche la plus rapide si l'Ethiopie souhaite le retour des objets » comme le rapporte The Guardian. Astucieusement, aucune échéance n’a été fixée à ce qui ressemble à un prêt permanent. 

Les restitutions sont encadrées par des textes juridiques. Au Royaume-Uni, le deaccessioning est une pratique réglementée qui permet la vente d’oeuvres appartenant aux collections publiques si elles ne sont pas jugées essentielles à l’homogénéité d’une collection, et si les fonds servent à acquérir de nouvelles oeuvres. 

De son côté, le British Museum refuse de se séparer de ses objets éthiopiens car selon l'institution ils doivent être présentés dans un contexte global. Le musée a cependant annoncé qu’il prendrait en considération les demandes de prêts venant d'Ethiopie 

Cette proposition pourrait relancer le débat sur la restitution des frises du Parthénon, que la Grèce réclame depuis 1983. Elle fait également écho au discours de Ouagadougou d’Emmanuel Macron, dans lequel le président a annoncé que le retour du patrimoine africain à l’Afrique serait une priorité de son quinquennat.  

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