Musée - Restauration

Le nucléaire au service de la restauration du plan-relief de la ville de Douai

Par Cordelia Hales · lejournaldesarts.fr

Le 29 novembre 2024 - 418 mots

DOUAI

Infestées de moisissures, deux tables du plan-relief de Douai datant du XVIIe siècle sont traitées au centre ARC-Nucléart.

Le plan-relief de la ville de Douai examiné par les équipes d'ARC-Nucléart. © ARC-Nucléart
Le plan-relief de la ville de Douai examiné par les équipes d'ARC-Nucléart.
© ARC-Nucléart

Le Musée de la Chartreuse de Douai a confié au centre ARC-Nucléart de Grenoble deux tables centrales du plan-relief de la ville de Douai pour traitement de désinfection. Le plan-relief avait été commandé par Louis XIV en 1697 à l'ingénieur du roi De Montaigu et achevé en 1710 par La Devèze. Il se compose de 12 planches à l'échelle de 1/600 en plan et de 1/400 en élévation.  En raison de sa taille imposante, c’est un record pour l'Atelier ARC-Nucléart : la plus grande œuvre irradiée aux rayons gamma depuis 54 ans et le deuxième plan-relief, le premier étant celui de la ville de Marsal en 1988.

Le plan-relief de Douai avait bénéficié d’une première restauration entre 1954 et 1960, puis avait été exposé au Musée de la Chartreuse dans des conditions inadaptées, où il a été infesté de moisissures. L’innocuité de l’irradiation gamma en fait une méthode idéale pour désinfecter cette œuvre réalisée en bois, soie et papier. « La méthode de l’irradiation permet de traiter l’œuvre en masse, sans contact, sans chaleur, et sans produits chimiques. Le champignon est éliminé et ne va plus se développer », explique à France 3 Amy Benadiba, conservatrice de l’atelier.

Le plan-relief de la ville de Douai. © ARC-Nucléart
Le plan-relief de la ville de Douai.
© ARC-Nucléart

Les deux tables centrales du plan-relief seront exposées au rayonnement gamma, à l’effet ionisant et fatal sur les micro-organismes. Elles seront irradiées à une dose minimale de 3 kilograys (unité de mesure de la dose de rayonnement absorbée) et auront une durée d'exposition aux rayons gamma d'au moins 15 heures par élément de maquette. Afin d'optimiser la restauration, le laboratoire a préalablement effectué des calculs de modélisation 3D du plan-relief à l'aide du logiciel RayXExpert. Ces calculs permettent de déterminer l'intensité du rayonnement et donc la meilleure configuration pour l’irradiation. Après restitution, les deux tables du plan-relief seront restaurées afin de leur trouver un nouvel espace d'exposition adapté à leur bonne conservation.

Véritable « clinique des œuvres d'art qui met la science au service du patrimoine », selon Amy Benadiba (sur le site de l’Andra), les Ateliers ARC-Nucléart ont su, au fil du temps, rassurer les professionnels du patrimoine, initialement réticents à l'énergie nucléaire. Seul à disposer d’un émetteur gamma pour le patrimoine, l’atelier restaure plusieurs centaines d’œuvres chaque année.  Il a obtenu une renommée mondiale en 1976 grâce à la restauration de la momie de Ramsès II, vieille de 3 200 ans, irradiée aux rayons gamma afin d'éliminer les larves et les champignons qui la menaçaient.

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