Musée

MAC Marseille

Le Musée d’art contemporain dans ses meubles

Simplicité et efficacité

Par Alain Cueff · Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1994 - 483 mots

MARSEILLE

Pour la première fois, une ville se dote d’un musée entièrement consacré à l’art depuis 1960. Le MAC de Marseille, qui vient d’être inauguré, complète avec bonheur et à moindres frais un dispositif muséal exceptionnel. Dans un bâtiment qui ressemble aussi peu que possible à un temple, Bernard Blistène a mis l’accent, pour cette inauguration, sur l’art français.

MARSEILLE - Le Ministre de la Culture, Jacques Toubon, et le maire Robert Vigouroux ont inauguré le 28 mai le nouveau Musée d’art contemporain, installé dans les locaux que le Docteur Rau a cédé à la ville (voir JDA n° 3). L’accrochage d’une partie de la collection, des années soixante à aujourd’hui, et l’hommage aux collectionneurs marseillais se partagent les deux travées de l’espace. Ce dispositif sera, à l’avenir, reconduit, permettant au musée de faire dialoguer l’éphémère et le permanent. Le bâtiment lui-même, avec son sol de marbre et sa lumière zénithale, répond bien au parti pris de simplicité et d’efficacité souhaité. Nous sommes bien loin, ici, des cathédrales que certains ont voulu édifier, comme pour protéger l’art de son caractère contemporain et incertain.

L’espace du MAC apparaît au contraire modeste, trop modeste prétendront certains, en dépit de ses 4 500 m2, mais son premier mérite est de ne susciter aucune ambiguïté quant à sa finalité. Bernard Blistène, directeur des Musées, et Philippe Vergne, chargé de la programmation du lieu, ont plutôt choisi des œuvres françaises dans les collections pour cette exposition inaugurale : les grands classiques que sont désormais Boltanski, Buren, César, Morellet, Tinguely ou Viallat, entre autres, se partagent la plupart des cimaises avec des œuvres typiques. N’était la présence de quelques artistes plus inattendus, comme Hervé Paraponaris ou Yannick Gonzalez, l’accrochage suscite une certaine impression de déjà-vu, qui est sans doute inévitable dans la présentation d’une collection tant qu’une thématique ne vient pas en troubler la sage déclinaison.

Mais le parallèle avec les collections privées compense quelque peu cette impression. Et il est d’autant plus intéressant qu’une secrète synergie avec le musée s’est engagée. Deux exemples, en tout cas, l’illustrent. Le premier et le plus remarquable est le dépôt d’une pièce importante de Dan Graham, consenti par un couple de collectionneurs qui ont choisi de n’en conserver que la maquette. Le second est l’intérêt conjoint du musée et de particuliers envers l’œuvre du jeune artiste mexicain Gabriel Orozco, auteur du découpage, dans le sens de la longueur, d’une somptueuse DS 21, prêtée à Marseille par le Fonds national d’art contemporain. On appréciera aussi, dans ce panorama, les œuvres de Mario Merz et Jannis Kounellis, qui donnent une meilleure idée de ce changement radical d’échelle qu’a institué l’art des trente dernières années. La preuve est faite, en tout cas, que le scepticisme qui semble atteindre de nombreux amateurs, comme une épidémie, a épargné ceux de Marseille.

Musée d’art contemporain, 69 avenue d’Haïfa. L’exposition "Ils collectionnent : le retour" est présentée jusqu’au 4 septembre.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°5 du 1 juillet 1994, avec le titre suivant : Le Musée d’art contemporain dans ses meubles

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