Musée

Ouverture des nouvelles galeries contemporaines

Un grand MAC pour Marseille

Un musée pour l’art vivant

Par Alain Cueff · Le Journal des Arts

Le 1 mai 1994 - 681 mots

MARSEILLE

La deuxième ville de France, qui comptait déjà neuf musées, en ouvre un dixième à la fin du moi de mai : le MAC (traduire : Musée d’art contemporain) suscite un redéploiement des collections.

MARSEILLE - Deux programmes d’extension du musée Cantini, en 1985 et 1990, n’avaient suffi à dégager les espaces nécessaires ni pour les collections (du début du siècle à aujourd’hui), ni surtout pour les expositions temporaires, qui se tenaient jusqu’à maintenant au Centre de la Vieille Charité.  Spécialiste de l’art contemporain, Bernard Blistène, directeur des musées de Marseille depuis 1990, ne pouvait manquer de déplorer l’exiguïté du musée Cantini. Il a su convaincre la mairie, qui a par ailleurs augmenté le budget des musées de 30 % pour cette année, d’affecter à l’art contemporain le bâtiment légué par le docteur Rau à la ville de Marseille.

C’est là que ce dernier, collectionneur et mécène, avait déposé à la fin des années soixante-dix les œuvres en sa possession, qui vont de la Renaissance à Cézanne. Bernard Blistène insiste sur les qualités de cette enveloppe muséale relativement neutre, où l’on ne décèlera aucun "geste architectural grandiloquent" : l’essentiel pour un musée est en effet ce qu’il contient, et la rivalité art-architecture ne profite généralement ni à l’un ni à l’autre. En faisant appel, pour les aménagements intérieurs, à Lorenzo Piquieras, Bernard Blistène affirme un parti pris de simplicité et d’efficacité qui a fait ses preuves à l’occasion de nombreuses expositions temporaires, mais aussi dans le tout nouveau musée de Grenoble. Au MAC, priorité a été donnée à la souplesse d’accrochage que réclame la diversité des langages contemporains. Les 4 500 m2 du bâtiment sont divisés en deux espaces distincts : l’un pour les collections permanentes, l’autre pour les expositions temporaires. Le parc attenant de 3 hectares, redessiné par Alain Guérittot, permettra en outre d’installer, ponctuellement ou durablement, des sculptures.

Une nouvelle donne
La création de ce musée impliquait une redéfinition des spécificités de chaque lieu : le musée Cantini sera désormais dévolu à l’art moderne jusqu’en 1960 (et ses collections, gérées par Nicolas Cendo, n’évolueront guère), et les collections du MAC commenceront avec le Nouveau Réalisme et l’Arte Povera, pour se poursuivre avec les tendances les plus récentes. Certains artistes, comme César, Toni Grand, François Morellet, Daniel Buren ou Richard Baquié, y bénéficieront d’une présentation privilégiée. Bernard Blistène voit dans les années soixante des changements assez radicaux dans les conceptions artistiques pour justifier une telle coupure. "Alors qu’en ce siècle finissant, dit-il, certains voulaient voir se pérenniser une lecture univoque du XXe siècle, la réalité des pratiques contemporaines obligeait le musée, s’il voulait survivre à lui-même, à redéfinir ses modes de fonctionnement, et à s’ouvrir à des champs dont il ne traitait alors que de façon épisodique. Il faut que le musée puisse rendre lisibles les projets qui vont à l’encontre de la muséologie ou qui parfois même la méprisent."

Un musée vivant
Ces nouveaux espaces permettront à Philippe Vergne, qui en aura la responsabilité, de programmer à la fois des présentations monographiques classiques (Roberts Smithson en septembre, Ben Vautier en juillet 1995, Chris Burden en janvier 1996), mais aussi des projets plus complexes, comme cet essai de rétrospective Fluxus, en avril 1995, ou encore "L’art au corps" à la fin de la même année. Des invitations, du type de celles qui avaient été faites à Boltanski ou Toroni, conduiront des artistes à travailler en étroite relation avec le musée. Pour l’ouverture, un hommage aux collectionneurs marseillais, facétieusement intitulé "Ils collectionnent : le retour", donnera l’opportunité de confronter acquisitions publiques et privées. Et, pour assumer parfaitement sa fonction et refléter au mieux la création actuelle, le musée disposera aussi d’un auditorium polyvalent de 180 places, où Philippe Bérard présentera des cycles de films et de vidéos en relation, directe ou oblique, avec les expositions. Il est d’ailleurs prévu qu’en plus de la documentation traditionnelle (archives photographiques, catalogues), une mémoire audiovisuelle des activités sera constituée. Le musée sera vivant ou ne sera pas.

Le MAC, galeries contemporaines des musées de Marseille, sera inauguré le 27 mai. 69, Avenue d’Haïfa, 13008 Marseille.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : Un grand MAC pour Marseille

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