Le contemporain renaissance de Turin

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 23 avril 2008 - 510 mots

Turin prouve qu’elle n’est plus seulement la ville de Fiat et de la Juventus en misant sur la culture, depuis son patrimoine baroque jusqu’à un ensemble inédit d’institutions dévolues à l’art actuel.

A l’occasion des Jeux olympiques d’hiver 2006, la capitale de la région Piedmont avait investi massivement dans ses infrastructures avec plus de 2 500 chantiers. Une modernisation lourde avec laquelle la ville n’en a pas fini puisqu’elle lance des challenges architecturaux comme la première tour de l’architecte Fuksas en Italie, futur siège du palais de la Région. Turin sait qu’elle n’est ni Rome, ni Florence, ni Venise en termes de patrimoine bien que ses monuments baroques soient des références majeures. Et même si elle s’est autoproclamée capitale du design cette année, on sait bien que Milan reste la plate-forme incontournable dans le domaine.

La ville crée un Frac sur le modèle français
Là, en revanche, où Turin ne rivalise avec personne, pas même avec Rome, ses galeries américaines (Gavin Brown et Gagosian) et ses musées (Macro et Maxxi), c’est sur le terrain du contemporain. Fondations Sandretto et Merz, Castello di Rivoli et Gam, des galeries super-pointues de Maze à Franco Noero, une Triennale en novembre prochain (dirigée par Daniel Birnbaum, une pointure), un programme de commandes publiques de haut niveau, Turin maximise. La Ville et la Région ont même racheté et relancé la foire d’art contemporain fondée en 1994.
Et depuis l’arrivée d’Andrea Bellini, commissaire d’exposition et critique d’art précédemment installé à New York, la foire a repris du galon chez les professionnels et collectionneurs. Dernière cerise sur le gâteau, la création d’un Frac (Fonds régional d’art contemporain) calqué sur le modèle français. La collection débute mais elle rassemble déjà quelques jolis morceaux.
Cette exigence du contemporain s’accompagne à Turin d’un fort engagement de mécènes privés, notamment de la part du secteur bancaire. La caisse d’épargne turinoise (CRT) et la Banque San Paolo participent massivement à la constitution de collections présentées à la GAM et au Castello di Rivoli, deux institutions qu’elles soutiennent quasiment sans compter. Ces deux banques concourent aussi activement au développement de la Fondazione Torino Musei destinée à valoriser et gérer le patrimoine culturel des musées de la ville.

Reste à faire de Turin un véritable foyer artistique
Développer l’art contemporain, moins populaire que d’autres secteurs culturels, s’est avéré un pari gagnant, ancré dans la modernité de la ville, berceau de l’Arte povera apparu à la fin des années 1960. Nombre de ses acteurs vivent d’ailleurs encore ici, de Marisa Merz à Giuseppe Penone ou Gilberto Zorio. La seule ombre au tableau serait l’absence d’une relève car il n’y a pas de jeunes artistes d’envergure internationale à Turin. L’Accademia Albertina ne prodigue pas un enseignement attractif et n’attire pas les jeunes pousses.
Bref, si Turin peut continuer d’attirer le meilleur de l’art contemporain international, ce rayonnement ne sera pas aussi puissant sans une scène artistique dynamique. La ville se doit aujourd’hui d’incarner cette vitalité créatrice et doit aménager des structures de résidence, des ateliers et des lieux d’expérimentation pour ne pas être qu’une ville musée.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°602 du 1 mai 2008, avec le titre suivant : Le contemporain renaissance de Turin

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