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L’art de vivre à la française

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 25 octobre 2022 - 415 mots

PARIS

Musée Camondo -  Dans la plaine Monceau encore située en dehors de Paris, des promoteurs audacieux lancent au début des années 1860 de vastes opérations immobilières.

De somptueuses résidences « destinées à l’élite commerciale et financière naissante » sont bâties, tandis que le parc à l’anglaise est arrangé par les frères Pereire « afin d’offrir une vue plus agréable aux immeubles qui l’entourent ». C’est ici que s’installent notamment le banquier Henri Cernuschi, tout comme Adolphe de Rothschild, le magnat du chocolat Émile-Justin Menier, la famille Ephrussi et celle des Camondo. « Financiers juifs comme les Ephrussi, les Camondo étaient venus (en France) depuis Constantinople, en passant par Venise ». Dans Le Lièvre aux yeux d’ambre, l’écrivain et céramiste Edmund de Waal évoque ce Paris de la deuxième moitié du XIXe siècle aux avenues fraîchement pavées, et il s’attarde sur ces hôtels particuliers rivalisant de munificence, abritant pour certains d’extraordinaires collections privées, poursuivies ou renouvelées au fil des générations. Ainsi de celle que rassemble Moïse de Camondo (1860-1935), entièrement consacrée à l’art décoratif français du XVIIIe siècle, et qu’il lègue à l’État en mémoire de son fils Nissim, mort au combat en 1917. Chaises du salon turc de la sœur de Louis XVI, tapis de la Savonnerie commandé pour la Grande Galerie du Louvre, pièces du service d’argenterie offert par la Grande Catherine, secrétaire à rideau de Jean-François Oëben, etc. : l’hôtel particulier de la rue Monceau devient en 1936 le Musée Nissim de Camondo. À gauche du porche, son restaurant a été aménagé dans ce qui était autrefois la remise aux automobiles, et on y accède directement depuis la rue – dans les étages se trouvaient les appartements des mécaniciens-chauffeurs ! Une autre époque… La structure Eiffel abrite à présent une brasserie contemporaine à la décoration chaleureuse, au très haut plafond à caissons. Elle se prolonge par un jardin d’hiver et une terrasse communiquant avec le musée. La carte offre des assiettes à partager autour d’un verre (délicieux houmous de chou-fleur au curry et aux zestes de citron, jaune et léger comme une crème, servi avec des mini-pains pitas) et des plats à la fois classiques et inventifs (suprême de pintade très tendre aux pleurotes et aux coings rôtis, courge gourmande farcie aux noix de cajou). Plutôt qu’un entremets à la rose de Damas et au pamplemousse, on commande un café et madeleines au miel d’acacia pour la route, et on repart, ravi d’avoir trouvé un lieu raffiné où passer, un jour, un moment désœuvré, entre la table et le musée.

Restaurant Le Camondo,
61 bis, rue de Monceau, Paris-8e, lecamondo.fr. Entrées entre 17 et 24 €, – plats entre 27 et 36 €.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°759 du 1 novembre 2022, avec le titre suivant : L’art de vivre à la française

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