Architecture - Patrimoine - Urbanisme

L’ancienne sucrerie d’Eppeville sauvée provisoirement de la démolition

Par Charles Roumégou · lejournaldesarts.fr

Le 7 mai 2021 - 450 mots

EPPEVILLE

L’instance de classement au titre des monuments historique protège l’usine de toute dégradation pour l’année à venir.

La sucrerie d'Eppeville. © Pimvantend, 2015, CC BY-SA 4.0
La sucrerie d'Eppeville.
Photo Pimvantend, 2015

Le ministère de la Culture a annoncé le placement de l’ancienne sucrerie d’Eppeville (Somme) sous le régime de l’instance de classement au titre des monuments historiques, compte tenu des menaces répétées de démolition que son propriétaire laisse planer depuis la fermeture du site industriel en février 2020.

Construite entre 1919 et 1922 à la demande d’Edmé Sommier, industriel parisien ayant fait fortune dans le raffinage du sucre, selon les plans de l’architecte Georges Lisch, alors en charge de la restauration du château de Vaux-le-Vicomte, la sucrerie d’Eppeville, un temps considérée comme la plus grande de France et d’Europe, détonne dans le paysage industriel picard par sa façade monumentale de style Arts déco, laquelle allie le savoir-faire technique du métal, de la brique et de la céramique. Épousant la forme d’un « E », l’architecture de l’usine trouve son inspiration dans la gare ferroviaire du Havre, dont les plans ont été conçus par Juste Lisch, le père de l’architecte.

Mais depuis l’annonce de la fermeture du site industriel en 2019, puis l’arrêt complet de la production un an plus tard, l’avenir de la sucrerie et de sa façade s’était assombri. Propriétaire des lieux, la société Saint Louis Sucre - filiale du groupe coopératif allemand Südzucker, leader du secteur sucrier en Europe - se disait à l’écoute de toutes les pistes permettant d’accueillir à nouveau des entreprises industrielles sur le site. Parmi celles-ci, la démolition complète de l’usine afin de procéder à la revente du terrain. 

Désormais, pour les douze prochains mois, les bâtiments du noyau historique de l’usine - le hall de fabrication, la chaufferie, la distillerie et une maisonnette située à l’avant du hall de fabrication - vont bénéficier des avantages que la protection « Monument historique » procure, empêchant ainsi tout projet de démolition. Ce laps de temps doit notamment permettre aux services de l’État et aux commissions consultatives d’examiner l’opportunité d’une décision de protection (inscription ou classement) définitive. 

Dès février 2019, une demande d’inscription à l’inventaire des monuments historiques avait été faite en ce sens par RESPECTH, une association locale de défense du patrimoine, auprès de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Hauts-de-France, laquelle a été jugée recevable par la commission régionale du patrimoine et de l’architecture (CRPA) le mois suivant. La CRPA doit en principe l’examiner en réunion plénière en juin 2021.

Fin avril, les élus du conseil communautaire de l’est de la Somme avaient voté l’acquisition, pour un montant de 510 000 euros, de l’ancienne direction technique de la sucrerie - un manoir construit en même temps que l’usine - dans la perspective d’y accueillir le nouveau siège de la communauté de communes.

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