Selon The Conversation, la prospérité rapide et incontrôlée de Troie aurait entraîné un déséquilibre écologique menant à sa chute.

Une étude publiée en juillet dernier sur les relations socio-économiques entre l’Anatolie, la mer Égée et le Moyen-Orient, avec un focus sur la ville de Troie-Hisarlik (actuelle Turquie) par le chercheur Stéphane Blum de l’université de Tübingen, a fait l’objet d’un article de vulgarisation sur The Conversation. Celui-ci expose l’hypothèse que la chute de Troie serait liée à une surexploitation de ses ressources naturelles.
Menée sur plusieurs années, l’étude combine diverses disciplines archéologiques, notamment l’archéobotanique, qui a permis d’analyser les fossiles végétaux retrouvés sur le site. L’article évoque un développement rapide de la cité, estimée à dix mille habitants à son apogée, entre 2500 et 2300 av. J.-C., durant l’âge du Bronze. Troie se serait enrichie grâce à ses connexions culturelles et commerciales avec la Mésopotamie, adoptant notamment le tour de potier permettant une production standardisée, simplifiée et rationnalisée. La mise en place d’un système de poids et de mesures uniformes témoignerait également d’une organisation administrative avancée.
Les fouilles montrent une transformation profonde des modes de production, passant d’une fabrication domestique à une production en ateliers. Le paysage urbain se structure : édifices monumentaux en pierre, routes planifiées et quartiers résidentiels apparaissent. En parallèle, la campagne environnante se dégrade : les forêts reculent, les sols s’appauvrissent, probablement à cause du surpâturage et de l’agriculture intensive. Selon l’article, cette croissance rapide aurait stimulé le commerce au-delà de la région tout en fragilisant les écosystèmes locaux.
L’auteur avance l’hypothèse d’un enchaînement de facteurs : la poterie, moteur économique, entraîne une surexploitation de l’argile et du bois ; les carrières et forêts s’épuisent ; la production agricole s’intensifie pour nourrir la population, provoquant l’épuisement des sols et des ressources en eau. Ces déséquilibres auraient pu mener à des pénuries, des tensions sociales et, à terme, à un effondrement. Les traces d’un vaste incendie vers 2300 av. J.-C., dont la cause reste inconnue, marqueraient cet épisode de rupture.
L’article souligne cependant que la cité ne disparaît pas : les couches archéologiques postérieures montrent un repli urbain, un retour à la jachère et à la diversité des cultures, ainsi qu’une gestion plus durable des ressources.
L’étude scientifique elle-même ne tire pas de conclusion définitive, d’autant que la période analysée couvre neuf grandes phases de construction et plusieurs épisodes de destruction. Les chercheurs évoquent également un phénomène plus large, touchant l’ensemble de l’Anatolie, dans un contexte de changements climatiques majeurs.
Par ailleurs, la localisation même de Troie continue de faire débat. Le site d’Hisarlık, traditionnellement identifié comme celui de la cité, est jugé par certains trop modeste pour correspondre aux descriptions antiques, notamment homériques. En 2022, le chercheur Oliver D. Smith proposait d’identifier Troie à Yenibademli Höyük. D’autres spécialistes privilégient des causes alternatives à sa chute : invasion mycénienne, catastrophe naturelle ou crise interne.
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La surexploitation des ressources naturelles, piste possible du déclin de Troie
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