Musée

MAISON DES ILLUSTRES

La Maison natale Charles-de-Gaulle se prépare aux célébrations

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 24 mars 2020 - 808 mots

LILLE

Souffrant du passage des visiteurs, la maison natale de De Gaulle est rénovée par la Région Hauts-de-France dans la perspective de diverses commémorations.

La maison natale de Charles de Gaulle. © Département du Nord.
La maison natale de Charles de Gaulle.
© Département du Nord.

Dans une rue calme du Vieux-Lille, au milieu des petites maisons en brique, une bâtisse simple aux larges baies s’est hérissée d’échafaudages à l’automne dernier. Il ne s’agit pas d’un ravalement de la façade discrètement bourgeoise du 9, rue Princesse, mais bien de la restauration d’un monument historique. Le lieu paraît anonyme, mais l’histoire a fait de cette demeure typique de la petite bourgeoisie industrielle du Nord un lieu de pèlerinage. Les deux étages de cette demeure austère, maison natale de Charles de Gaulle, sont aussi un témoignage du passé industrieux de la région.

Classé monument historique en 1990, et bénéficiant du label « Maison des illustres » depuis 2011, le lieu déjà restauré en 2005 fait face à un certain nombre de désordres structurels, à l’exemple des planchers du premier étage qui supportent les pas des 20 000 visiteurs annuels et demandent donc à être renforcés. Les travaux entamés le 4 novembre 2019 « concernent toute la maison, du sol au plafond », explique Marie Lefebvre, directrice du musée-maison.

Reconstitution des décors

Avec cette restauration qui devrait être livrée le 22 novembre 2020, date choisie pour célébrer les 130 ans de la naissance de Charles, les 50 ans de sa disparition, et commémorer les 80 ans de l’appel du Général, la maison entend offrir plus que son indéniable portée symbolique. « On veut immerger le visiteur dans une ambiance Belle Époque », indique la directrice des lieux, faisant allusion aux progrès technologiques de l’époque. Elle souhaite ainsi reconstituer l’atmosphère de cette « maison de petit industriel du Nord » où le jeune Charles venait rendre visite à sa grand-mère tous les étés. Il faut alors s’imaginer la bâtisse d’une famille d’industriels qui a « des moyens, mais qui est très pieuse », au décor simple et à la distribution fonctionnelle. Jules Émile Maillot, le grand-père, était l’un des pionniers de la fabrication du tulle en France, exposait dans les foires internationales et était associé à un Anglais. Sa femme, Julia, qui sera la « Bonne-Maman » de Charles de Gaulle, est une femme pieuse qui donne une éducation religieuse stricte à ses filles. Sa chambre recouvrera son décor sobre de faux bois d’ébène et une ambiance de dévotion.

Pour retrouver les décors contemporains de la naissance de Charles, les murs de la maison en travaux ont fait l’objet de relevés stratigraphiques. La couche qui intéresse les restaurateurs dans le grand salon présente les décors simples, imitations des teintes chaudes du bois d’acajou. Autour du bel escalier, c’est un décor de faux marbre qui a retenu l’attention. Leur reconstitution représentera le travail le plus important de cette restauration, et les quatre derniers mois de travaux y seront entièrement consacrés.

« De Gaulle, Hauts-de-France 2020 »

La cuisine était jusqu’alors transformée en espace de médiation, un dispositif qui fonctionnait assez mal, selon Marie Lefebvre : « Les visiteurs se demandent où est la cuisine lorsqu’ils visitent la maison.» La pièce retrouvera sa fonction d’origine, ainsi que la souillarde (pièce d’appoint de la cuisine) et le vaisselier, lequel comporte encore son décor d’origine. Un ensemble de « mobilier soigneusement sélectionné » donnera vie à cette cuisine « restituée ». La reconstruction du jardin d’hiver, de sa serre bombée et ornée de vitraux, est l’un des chantiers importants de la restauration, mené par une entreprise limougeaude spécialisée dans les serres anciennes.

Pour mener ce travail de « restitution », qui est davantage une reconstitution, les restaurateurs ne disposent pas de photographies d’époque. Il faut donc éplucher les témoignages des personnes ayant connu la maison pour pouvoir orienter les recherches de mobilier. Il s’agit, pour l’équipe de restauration, de restituer une ambiance plutôt qu’un « état zéro » car les meubles d’origine, perdus ou dispersés, n’y seront pas réintégrés. « Il y aura forcément un peu d’interprétation », concède la directrice. Les travaux en eux-mêmes permettent d’en apprendre davantage sur la maison : « à chaque élément déposé, ce sont de nouvelles découvertes », s’enthousiasme-t-elle. Sous le plancher déposé du rez-de-chaussée, des remblais faits de déchets de poteries ont ainsi requis l’intervention d’archéologues, qui analysent actuellement ces fragments.

2,4 millions d’euros sont investis par le Département et ses partenaires dans cette première phase de travaux. La seconde étape concernera la rénovation des espaces d’accueil, de médiation et d’exposition temporaire, pour un budget de 1 million d’euros. Les particuliers sont également sollicités, avec l’appui de la Fondation du patrimoine, afin de réunir 250 000 euros. La cagnotte lancée pendant les fêtes de fin d’année a démarré lentement, avec seulement 4 % de la somme collectée en deux mois. Ce qui est suffisant cependant pour acheter un rare portrait du grand-père maternel, une acquisition importante pour le musée-maison. La reconstitution du mobilier de la maison dépend de la générosité des particuliers, et Marie Lefebvre espère qu’elle sera stimulée au fil des célébrations de cette année « De Gaulle, Hauts-de-France 2020 ».

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°541 du 13 mars 2020, avec le titre suivant : La Maison natale Charles-de-Gaulle se prépare aux célébrations

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