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La galerie des Glaces retrouve son esthétique du Grand Siècle

Par Olympe Lemut · Le Journal des Arts

Le 6 novembre 2025 - 507 mots

Connue pour ses lustres et ses miroirs, la galerie des Glaces vient d’être partiellement restaurée pour un aspect plus proche de celui de la fin du XVIIe siècle.

La galerie des Glaces. © Château de Versailles / T. Garnier.
La galerie des Glaces.
© Château de Versailles / T. Garnier.

Versailles (Yvelines). Construite sur une ancienne terrasse, la galerie des Glaces (voir ill.) avait la fonction de salle d’apparat, servant pour les cérémonies officielles ou pour les bals royaux. La triple rangée de lustres qui l’ornait jusqu’à l’été 2025 datait en réalité de 1980, car il s’agissait à l’époque d’animer l’espace pour « évoquer l’aspect d’une salle de bal », selon Laurent Salomé, directeur du Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. Les lustres et les torchères à girandoles présents sur toutes les photographies depuis les années 1980 étaient des créations modernes « visant à évoquer l’installation réalisée pour le mariage du Dauphin (futur Louis XVI) avec Marie-Antoinette en 1770 », précise le directeur. Or, aux XVIIe et XVIIIe siècles, les lustres montés pour les fêtes et grandes occasions étaient enlevés ensuite par les Menus-Plaisirs, car ne faisant pas partie du décor permanent, plus sobre. L’aspect de salle de bal des années 1980 correspondait donc plus à une vision imaginaire qu’à la réalité de la galerie sous la monarchie, puisque l’ajout de lustres et de torchères ne se produisit qu’à une dizaine d’occasions sous l’Ancien Régime. La présence des nombreux luminaires empêchait par ailleurs les visiteurs de voir les détails de la voûte peinte par Charles Le Brun : ces peintures représentent les grands faits du règne de Louis XIV dans l’esprit Grand Siècle, avec des cartouches écrits par Racine et Boileau. Dans les documents fournis par le château, cette voûte peinte est qualifiée de « véritable chapelle Sixtine de l’art français », signe de son importance dans le projet de restauration.

Il existe cependant peu de traces de l’aspect initial de la galerie, et Laurent Salomé explique avoir utilisé « quelques peintures et gravures », mais surtout « des descriptions écrites » : de nombreux écrivains et chroniqueurs ont laissé des récits de leur visite, dont Madame de Sévigné. Désormais, la galerie comporte une seule rangée centrale de lustres et les girandoles sur les côtés « pour un éclairage à mi-hauteur plus poétique », selon Laurent Salomé. Ce dernier ajoute que l’éclairage a été « entièrement repensé » pour mettre en valeur la voûte et l’architecture de la galerie de style baroque, notamment à l’aide de spots à peine visibles. Quelques orangers artificiels (en cire et bronze) dans des vases de bronze rappellent aux visiteurs que la galerie a accueilli des orangers à la fin du XVIIe siècle. Les vases des orangers évoquent le « mobilier d’argent » de Louis XIV, qui ornait les appartements du roi et la galerie des Glaces de 1682 à 1689. Ce mobilier célèbre pour sa finesse et ses reflets fut fondu en 1689 pour financer la guerre, et des copies en bronze de certains objets, dont les vases, furent réalisées quelques années plus tard. La galerie des Glaces arbore donc désormais un aspect plus fidèle à celui des règnes de Louis XIV et Louis XV, dans une démarche d’authenticité revendiquée par le château.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°664 du 31 octobre 2025, avec le titre suivant : La galerie des Glaces retrouve son esthétique du Grand Siècle

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