Jeux olympiques

La Chine invite les artistes

Le Journal des Arts

Le 9 avril 2008 - 630 mots

Dix-neuf artistes internationaux ont été choisis pour réaliser des sculptures monumentales destinées au parc olympique de Pékin.

Stade olympique de Pékin© Herzog de Meuron Architects

PÉKIN - L’artiste américain Dennis Oppenheim est l’un des dix-neuf sculpteurs internationaux sélectionnés pour réaliser des œuvres monumentales à l’occasion des Jeux olympiques de Pékin en août. Citons également le sculpteur américain et historien de l’architecture Charles Jencks, l’artiste américaine Mary Miss et l’Israélien Zadok Ben-David, lequel représentait son pays lors de la Biennale de Venise de 1988. La liste compte aussi six Américains, deux Allemands, et le Français Nicolas Bertoux, mais, en dépit du prestige international croissant des artistes chinois, aucun sculpteur issu de l’État communiste.
Les œuvres seront installées à demeure autour des nouveaux bâtiments olympiques édifiés dans le parc olympique, situé à l’est de la ville. Leur emplacement définitif n’a pas encore été précisé. Un comité de commissaires placé sous l’autorité de l’Institut chinois de la sculpture (ICS), organisme national dépendant directement du ministère chinois de la Culture, a invité les artistes à soumettre leurs projets en août dernier. Fan Di’an, directeur du Musée national d’art de la Chine et commissaire du pavillon chinois à la Biennale de Venise 2005, en était le président.
Alors que le programme n’a pas encore fait l’objet d’une annonce officielle, les artistes sélectionnés ont été avertis en décembre et travaillent actuellement à Pékin à la réalisation de leurs œuvres. Selon Michael Suh, chargé des relations publiques à l’ICS, aucune information n’est encore disponible concernant ces préparatifs. Il a cependant affirmé que l’institut « se réjoui[ssai]t de développer des relations avec les communautés internationales de l’art et de la sculpture ». Pour marquer cette impulsion en vue de collaborations internationales, Zeng Chenggang, président de l’ICS, a demandé à Dennis Oppenheim de devenir conseiller de l’institut, « l’honneur le plus élevé qui puisse être décerné à un artiste étranger ». Un honneur que Dennis Oppenheim a accepté.
L’éclectisme semble avoir guidé cette sélection de sculpteurs qui s’étend d’artistes internationalement reconnus à d’autres de moindre renom, à l’instar de l’Allemand Henner Kuckuck. S’y lisent aussi des choix plus démagogiques comme Jonathan Borofsky – l’artiste américain réputé pour ses nombreuses commandes publiques telles celle installée sur Aeschenplatz à Bâle ou celle réalisée dans le cadre du tramway de Strasbourg, devant les halles. Les projets retenus pour cette commande olympique offrent principalement des formes abstraites et géométriques ; beaucoup font référence aux anneaux olympiques. Ces formes neutres et apolitiques, souvent pourvues d’éléments en mouvement, font écho à celles du stade olympique, conçu par les architectes suisses Herzog & de Meuron.

« Ressembler à une flamme »

Certains artistes ont accepté de nous dévoiler leurs projets : l’artiste américaine Mary Miss, qui travaille en relation avec l’environnement, va « évoquer le problème de l’eau à Pékin » avec Wall of Water, une construction courbe en maille métallique de 2,50 mètres de haut. Les visiteurs pourront en faire le tour, se glisser entre les nappes de maille métallique et s’y asseoir pour lire un texte qui détaille en anglais et en chinois les sources d’approvisionnement de la ville, ainsi que les problèmes touchant les usages de l’eau et l’environnement. L’artiste de Los Angeles Bruce Beasley prépare Gathering of the Moon, sculpture géométrique abstraite en acier de 5,10 mètres de haut, faite de sept disques géants de dimensions différentes qui s’entrecroisent.
Dennis Oppenheim a conçu Raining Halos, pièce haute de 12 mètres, en aluminium et acrylique teinté. Plusieurs disques, ou halos, et des découpes métalliques perforées pouvant s’orienter en fonction du vent seront équipés d’un dispositif générant un brouillard artificiel. Le Bulgare Todor Todorov travaille à Dancing Figure, une sculpture cinétique inspirée par « l’élément du feu ». Cette représentation abstraite d’une ballerine est « possédée par les vibrations sauvages de la danse qui la font ressembler à une flamme », précise Todorov.

19 artistes à Pékin

Bruce Beasley (USA), Zadok Ben-David (Israel/Royaume-Uni), Nicolas Bertoux (France), Jonathan Borofsky (USA), « Ralfonso » Ralf Gschwend (Suisse), Peter Jacobi (Allemagne/Roumanie), Charles Jencks (USA/Royaume-Uni), Henner Kuckuck (Allemagne), Mitsunobu Matsuo (Japon), Roland Mayer (Allemagne), Mary Miss (USA), Alfio Mongelli (Italie), Dennis Oppenheim (USA), Johannes Heinrich Pfeiffer (Allemagne), Suh Joon-Young (Corée), Todor Todorov (Bulgarie), Hilde Van Sumere (Belgique), Henk Visch (Pays-Bas), Elyn Zimmerman (USA)

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°279 du 11 avril 2008, avec le titre suivant : La Chine invite les artistes

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