Turquie - Église

Istanbul : Sainte-Sophie entame une rénovation historique face aux risques sismiques

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 21 mai 2025 - 473 mots

La mosquée reste ouverte pendant les travaux, une prouesse rendue possible grâce à d’ingénieuses installations temporaires.

Sainte-Sophie, Istanbul, Turquie. © Photo Dennis Jarvis, CC BY-SA 2.0
Sainte-Sophie, Istanbul, Turquie.

L’ancienne basilique Sainte-Sophie, devenue récemment une mosquée, connaît depuis avril 2025 la plus vaste restauration de son histoire depuis 537, incluant notamment son dôme vieux de 1 486 ans. Les travaux n’ont pas encore de calendrier défini. Un jumeau numérique de Sainte-Sophie a été conçu pour guider la conception du nouveau système de soutien structurel. Les travaux de numérisation 3D de la structure byzantine ont débuté en 2022 et se sont achevés en 2024.

Le ministre du tourisme turc Mehmet Nuri Ersoy a expliqué au média turc Anadolu : « Les revêtements en plomb seront retirés, réparés ou renouvelés. La coupole sera temporairement recouverte d’une structure et d’une bâche spéciale afin de protéger les mosaïques des intempéries. Une plate-forme en acier de 43,5 mètres de haut sera installée sur quatre colonnes principales pour permettre la poursuite simultanée des travaux de restauration et des activités cultuelles. »

Les travaux seront menés sans interrompre le culte. Le chantier est confié à l’architecte en chef Hasan Firat Diker, qui a expliqué au The Guardian : « Il s’agit peut-être de l’une des plus grandes restaurations de l’époque actuelle en Turquie. » L’objectif est de renforcer la structure fragilisée par le temps. Construite en 537 après J.-C. sous l’Empire byzantin, l’ex-basilique présente des irrégularités visibles à certains endroits, notamment au niveau du grand dôme.

L’édifice, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1985, a déjà fait l’objet de restaurations, « un patchwork de réparations effectuées après l’effondrement du dôme en 558, puis de plusieurs demi-dômes environnants lors de secousses ultérieures », rappelle The Guardian. Depuis quelques années, les inquiétudes concernant cet édifice, transformé en musée en 1935 puis redevenu mosquée il y a cinq ans, sont vives face aux risques naturels. « Dans le scénario le plus terrifiant, un tremblement de terre secouerait l’ensemble de la structure », explique M. Diker. « L’arche principale reliant le dôme central et les demi-dômes pourrait trembler et des fissures apparaître. Un séisme pourrait aussi projeter le minaret contre les dômes ou provoquer l’effondrement complet des arches. »

La Turquie a récemment connu plusieurs séismes majeurs. Deux puissants tremblements de terre ont frappé le sud-est du pays début 2023, causant plus de 53 000 morts. Les destructions ont touché une superficie équivalente à celle de l’Allemagne. Le mois dernier, un séisme de magnitude 6,2 a également frappé la côte d’Istanbul, faisant trembler les bâtiments de toute la ville.

Pour l’instant, l’objectif est aussi de « veiller au confort des visiteurs », a indiqué Hasan Firat Diker à The Guardian. « Ceux qui viennent ici doivent pouvoir voir autant que possible Sainte-Sophie malgré les travaux de restauration. » D’autant que, afin de financer ces opérations, l’accès à la mosquée est devenu payant depuis 2024, avec un droit d’entrée fixé à 25 euros. Deux accès distincts sont prévus : l’un pour les fidèles, l’autre pour les touristes.
 

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