À Hendaye, le château Abbadia voit plus loin

Hendaye (Pyrénées-Atlantiques). L’heure est à la célébration, mais aussi à la réflexion au château-observatoire d’Abbadia. Début septembre, les représentants de l’Académie des sciences, propriétaire du site, se sont réunis pour célébrer la fin des travaux de restauration, achevés l’année dernière. L’occasion de penser également à la suite, et plus précisément aux potentialités de développement de l’offre culturelle du lieu.

Cela fait plus d’un an que le chantier s’est terminé. Cinq années ont été nécessaires pour restaurer l’extravagant château néogothique, ancienne demeure de l’explorateur et scientifique Antoine d’Abbadie (1810-1897). Parmi les travaux réalisés, la remise en état du parc de cinq hectares a été un volet central : conçu par Eugène Bülher (1822-1907), le parc avait depuis subi de nombreuses transformations. Pour le restaurer dans l’esprit XIXe siècle, le tracé des allées a donc été redéfini et son décor originel restitué avec la plantation de 450 espèces végétales. En parallèle, la rénovation du clos et couvert est engagée. « Le château est perché sur une corniche en hauteur, donc il est exposé aux vents de l’ouest, aux tempêtes, aux pluies, détaille Didier Roux, académicien et conservateur du château. Le toit, en particulier, demande une attention constante. »

Mais le gros des travaux sur le bâti a surtout consisté à restaurer les salles historiques, sous la supervision de l’architecte Stéphane Thouin. Sur la demande d’Antoine d’Abbadie, Eugène Viollet-le-Duc et son disciple Edmond Duthoit avaient construit, entre 1864 et 1879, une demeure à l’image de son futur propriétaire. D’origine basque, le savant est un grand linguiste et voyageur, passionné de géographie, d’astronomie, de botanique. Chambres, salons de réception et chapelle privée jouxtent donc une impressionnante bibliothèque et un observatoire scientifique (actif jusqu’en 1975), dans lequel il cartographiait le ciel et étudiait l’activité magnétique de la Terre. « Nous souhaitions rester le plus fidèle possible à l’origine du château. L’avantage, c’est qu’il a été conservé avec son mobilier et sa décoration d’origine », précise le conservateur. Une grande partie de ce mobilier, des objets d’art et des textiles ont ainsi été restaurés. Et surtout, deux pièces – jusqu’ici fermées au public – ont été remises en état : les cuisines en sous-sol et la chambre du couple d’Abbadie, reconstituée d’après quelques photographies, descriptions et dessins d’époque.

« Aujourd’hui, nous cherchons à mieux mettre en valeur la collection d’instruments scientifiques du château, qui reste peu visibles excepté la lunette méridienne trônant dans l’observatoire, indique Didier Roux. Notre objectif, c’est de promouvoir la science auprès des scolaires et du grand public. » Ce d’autant plus que la fréquentation a nettement augmenté depuis la fin du chantier (durant lequel le château est resté ouvert à la visite), avec plus de 80 000 visiteurs en 2024. À cette fin, un projet a émergé : celui d’investir la maison Aragorry, une ferme basque située en contrebas, habitée par le couple durant la construction du château. L’état du bâtiment, complètement délabré, nécessite de lourds travaux structurels (reprise de la façade, des murs, des planchers…). Aucun montant n’a encore été annoncé, l’heure étant à la recherche de financement. « Nous comptons sur le mécénat, et nous sommes en lien avec la Drac [direction régionale des Affaires culturelles], la Région et le Département [qui ont financé le précédent chantier, d’un coût total de 2 millions d’euros]. » L’étude architecturale est désormais achevée : il est prévu d’y aménager un planétarium (pouvant atteindre jusqu’à 8 mètres de diamètre) ainsi qu’un espace de médiation scientifique qui accueillerait soit des collections permanentes, soit des expositions temporaires. L’intention : entamer le nouveau chantier en 2027, pour une livraison envisagée courant 2028 ou 2029.