Le domaine de Chaalis en travaux

Ermenonville (Oise). Situé dans la forêt d’Ermenonville à quarante kilomètres de Paris, le domaine de Chaalis compte un parc de 1 000 hectares, une chapelle du XIIIe siècle, les vestiges d’une abbaye cistercienne et un château (XVIIe-XVIIIe siècles). Ce lieu original qui a connu une histoire mouvementée est géré par l’Institut de France depuis 1912, grâce à un legs de la peintre et collectionneuse Nélie Jacquemart-André qui l’avait acheté en 1902. Elle y a constitué une collection de 6 000 pièces, principalement de la Renaissance, qui constitue la base des collections du musée. Bien que l’on accède au domaine en voiture, son administrateur général, Alexis de Kermel, précise que le site a accueilli en 2024 « plus de 60 000 visiteurs » et que l’objectif après travaux serait d’atteindre 100 000 entrées. Si le parcours de visite se concentre sur le château, la chapelle mérite le détour pour ses fresques de Primatice, peintes vers 1545 : une Annonciation et un plafond d’angelots et de saints, qui expriment « le maniérisme tel qu’il s’est manifesté dans l’École de Fontainebleau, avec des personnages en mouvement, des nuées et des drapés », précise Alexis de Kermel. Les fresques aux couleurs chatoyantes souffrent des infiltrations d’eau et nécessitent une restauration complète.

L’essentiel des travaux (10 millions d’euros) concerne le château dont l’état s’est dégradé ces dernières années : les menuiseries, l’électricité et le chauffage constituent les domaines les plus vétustes selon Alexis de Kermel, qui ajoute que la circulation et l’accessibilité des espaces du château (création d’un ascenseur et rénovation des sols en pierre) seront également améliorées. Le parcours sera repensé, ainsi que la muséographie qui n’avait pas été remaniée depuis longtemps selon Anne-Claire de Poulpiquet, conservatrice des collections à l’Institut de France. Il s’agit de« comprendre la démarche de Nélie Jacquemart-André et respecter l’esprit de sa collection », caractérisée par une accumulation d’objets, de textiles et de meubles, au risque d’un encombrement des salles. Le chantier des collections permettra de mieux connaître certains chefs-d’œuvre, dont deux peintures sur bois de Giotto représentant saint Jean et saint Laurent. Anne-Claire de Poulpiquet précise que dans les salons et la bibliothèque du rez-de-chaussée « la muséographie restituera les textiles d’origine et les moquettes épaisses », ainsi que l’agencement des meubles Ancien Régime (Louis XV), même si tous ne font pas l’objet d’une restauration. L’importante collection archéologique aujourd’hui présentée dans de petites vitrines sera mieux mise en scène, car il s’agit de pièces exceptionnelles (Inde, Iran, Égypte). À l’étage où se trouvaient les appartements privés et la grande galerie, le parcours mettra en valeur l’activité de peintre de Nélie Jacquemart-André, connue comme portraitiste, et certains ensembles de sa collection. Anne-Claire de Poulpiquet annonce aussi des expositions temporaires dans les salles consacrées actuellement à la collection Jean-Jacques Rousseau (le philosophe a vécu six ans à Ermenonville). Pendant les deux années de travaux, le domaine restera ouvert selon Alexis de Kermel qui prévoit des « visites de chantier pour le grand public, pour montrer l’envers du décor ».