Entretien

Hélène David-Weill, présidente de l’Union centrale des arts décoratifs

« Exposer ces bijoux pour tout ce qu’ils évoquent »

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 25 juin 2004 - 698 mots

Paris - Fermé depuis 1996 pour de grands travaux de rénovation, le Musée des arts décoratifs – qui dépend de l’Union centrale des arts décoratifs (UCAD) – inaugure le 17 juin sa toute nouvelle « Galerie des bijoux ». Situées au deuxième étage de l’établissement, deux salles exposent des pièces du Moyen Âge à nos jours, en faisant la part belle au XIXe siècle et à des grands créateurs tels Lalique, Georges Fouquet ou la maison Vever. Dans un entretien, la présidente de l’UCAD, Hélène David-Weill, revient sur la richesse des collections ainsi que sur la réouverture, tant attendue, du Musée des arts décoratifs.

Comment est né le projet de la Galerie des bijoux ?
Le projet est né quand je suis arrivée dans cette maison, en 1994. J’ai découvert cette collection tout à fait extraordinaire et nous nous sommes vite inquiétés de savoir comment la présenter. Nous en avons conclu qu’il fallait exposer ces bijoux non seulement pour leur beauté, mais aussi pour tout ce qu’ils évoquent : l’évolution des modes, l’histoire de l’art, les bouleversements des mœurs et de la société. Comme cela n’était pas prévu au départ dans le programme de l’Union centrale des arts décoratifs, la galerie a entièrement été financée par le mécénat privé de Rolex. Les pièces sont installées dans des salles qui forment comme un nouvel écrin. Ces espaces correspondent parfaitement au caractère intime et personnel que revêt le bijou. Ils sont reliés par une passerelle qui a reçu le soutien de la Fondation Sackler.

Comment s’est constituée la collection de bijoux de l’UCAD ?
La collection s’est constituée grâce à la générosité de très nombreux donateurs : créateurs et collectionneurs,  ainsi que par nos achats bien sûr. Elle a aussi suscité un vif intérêt, à l’occasion de l’ouverture de la Galerie des bijoux, de la part de grands bijoutiers de la place Vendôme, lesquels ont effectué des dons et des prêts. La collection comprend d’exceptionnelles œuvres du Moyen Âge et de la Renaissance, et offre de beaux exemples de la joaillerie au XVIIIe siècle. Nombre de bijoux permettent également d’apprécier la grande créativité du XIXe siècle, avec toutes les influences étrangères, d’Égypte, d’Inde et du Japon, mais aussi les résurgences de l’Antiquité. Pour le XXe siècle, nous présentons des créateurs français tels que Line Vautrin ou Albert Duraz, les bijoux épurés de Torun (Pologne), des artistes scandinaves ainsi que des bijoutiers contemporains comme Gilles Jonemann. Parmi les 4 000 œuvres de la collection, nous en avons sélectionné 1 200, parmi lesquelles les pièces majeures qui n’étaient jamais sorties des réserves.

Vous avez choisi de présenter les pièces de manière très sobre, mais aussi d’évoquer les techniques et savoir-faire de la bijouterie et de la joaillerie par des vitrines plus pédagogiques…
Nous voulions montrer la beauté du bijou en soi tout en révélant ses nombreuses facettes : un bijou est une pièce unique pour celui qui le porte, une manifestation de beauté et de créativité, mais aussi le témoin d’un savoir-faire. Face à la présentation chronologique des pièces anciennes, des vitrines-tiroirs permettent de découvrir les pierres précieuses et matériaux utilisés. Cela correspond à la mission pédagogique de l’UCAD : nous voulons montrer à la fois l’époque, le matériau, le savoir-faire de celui qui l’a réalisé et son originalité. J’appelle d’ailleurs souvent l’UCAD « le musée de la vie », puisque nos activités commencent avec les ateliers destinés aux enfants de 4-5 ans. Nous abritons aussi l’École Camondo – qui forme quantité de grands designers – et de nombreux ateliers de restauration. Les musées sont en quelque sorte l’aboutissement de cet ensemble, particulièrement le Musée Nissim-de-Camondo, qui témoigne de cette grande aventure que représente la constitution d’une collection.

L’inauguration de la Galerie des bijoux annonce-t-elle la réouverture du Musée des arts décoratifs ?
Cela préfigure effectivement la réouverture très attendue – après celle, en 2002, de la bibliothèque des Arts décoratifs [lire le JdA n° 161, 20 décembre 2002] – du Musée des arts décoratifs sur 6 000 m2, événement prévu pour janvier 2006. Une nouvelle étape est à présent franchie.

Musée des arts décoratifs

105-107, rue de Rivoli, 75001 Paris, tél. 01 44 55 57 50, tlj sauf lundi, 11h-18h et 10h-18h le week-end, www.ucad.fr.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°196 du 25 juin 2004, avec le titre suivant : Hélène David-Weill, présidente de l’Union centrale des arts décoratifs

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