Le parfumeur a restauré un hôtel arlésien du XVIIe siècle pour y concevoir un parcours dédié au costume local.

Arles (Bouches-du-Rhône). C’était une lacune dans la pléthorique offre culturelle d’Arles : le costume arlésien n’y avait toujours pas pignon sur rue. Évoqué dans le parcours du Museon Arlaten, ce pilier de la culture locale a désormais son musée dédié, rue de la Calade, en plein cœur du centre-ville. Porté par les sœurs Webster, dirigeantes du parfumeur Fragonard, ce chantier muséal et patrimonial aura connu quelques délais avant sa livraison, au début de l’été. Initialement programmée en 2021, l’inauguration a finalement eu lieu le 6 juillet dernier.
La réhabilitation de l’hôtel Bouchaud de Bussy – pour 8 millions d’euros – a largement profité de ces délais rallongés par la crise sanitaire, offrant un résultat final soigné, jusque dans les moindres finitions. L’acquisition de ce monument arlésien par les sœurs Webster, en 2019, a créé l’opportunité de réunir deux collections : celle de Magali Pascal, référence du costume arlésien, et d’Hélène Costa, mère des trois sœurs qui dirigent aujourd’hui Fragonard.
C’est en « scrollant » son fil Instagram qu’Agnès Webster a trouvé la maîtrise d’œuvre pour ce projet culturel porté par le parfumeur : le studio KO, connu notamment pour la création du Musée Yves Saint Laurent à Marrakech. Sans être spécialiste de la réhabilitation patrimoniale, le duo d’architectes livre un résultat particulièrement convaincant, restituant les anciennes distributions de l’hôtel particulier et valorisant les matériaux originels, comme la pierre de Tavel. « On ne voulait pas faire du faux XVIIe siècle, mais s’appuyer sur des méthodes historiques, comme l’enduit à la chaux », précise Karl Fournier, le K du studio KO.
Secondé par Nathalie d’Artigues pour cette partie patrimoniale, le studio s’est montré plus radical dans la conception du parcours d’exposition, à l’étage, qui tranche avec l’image que l’on pourrait se faire d’un musée de costume. Ambiance sombre, vitrines géométriques, le petit espace d’exposition se révèle neutre et moderne, inspiré notamment par les scénographies d’exposition d’Andrée Putman. « Il y a l’idée que le public perde la notion du temps et de l’espace dans cette galerie », explique Clément Trouche, directeur du musée.

Ce dernier a endossé le rôle de gardien de la mémoire du costume arlésien après le décès de Magali Pascal, qu’il a longtemps côtoyée et dont il connaît la collection sur le bout des doigts. Loin d’une approche « traditions populaires », il souhaite porter une vision plus moderne, historique et sociale du costume, dans une scénographie esthétisante. Le premier parcours présente ainsi des silhouettes soigneusement composées, permettant de déceler les évolutions de cette « Arlésienne » mouvante, dont l’image est souvent trop figée.
« Nous gardons une vraie neutralité dans la présentation, et nous souhaitons présenter des instantanés de société », explique Clément Trouche. Cette volonté est incarnée par le travail scientifique mené sur chaque costume, dont tous les éléments sont précisément contemporains. Il manque encore quelques éléments de médiation dans ce parcours très sobre pour valoriser la vertueuse démarche historique entamée par le musée. Une affaire à suivre, puisque le parcours sera renouvelé tous les ans.

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Fragonard inaugure un musée du costume en plein centre d’Arles
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°660 du 5 septembre 2025, avec le titre suivant : Fragonard inaugure un musée du costume en plein centre d’Arles







