Société

Espagne : ordre d'exhumation de Dalí­ après une demande en paternité

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 27 juin 2017 - 677 mots

MADRID (ESPAGNE) [27.06.17] - La justice espagnole a annoncé lundi avoir ordonné, presque 30 ans après sa mort, l'exhumation des restes du peintre Salvador Dalí­ en vue d'un prélèvement d'ADN, car une voyante de 61 ans assure être sa fille.

Cette habitante de la ville de Gérone (Catalogne), Pilar Abel, tente depuis des années de faire valoir devant la justice que l'artiste était son père biologique. Dali a été enterré en 1989 à Figueras où il est né en 1904. La plaignante, une cartomancienne qui serait, si elle avait gain de cause, sa seule fille, a également vu le jour dans la ville catalane. "Le Tribunal de Première instance n°11 de Madrid a ordonné l'exhumation du cadavre du peintre Salvador Dali, afin d'obtenir des échantillons de ses restes et déterminer s'il est le père biologique d'une femme de Gérone", a annoncé le service de communication du Tribunal supérieur de justice de Madrid.

L'exhumation permettra de prélever des échantillons d'ADN du peintre, "restes osseux ou dents", selon la décision judiciaire datée du 20 juin que l'AFP a pu consulter. Elle est nécessaire "car il n'existe pas d'autres restes biologiques ni personnels pour effectuer une comparaison", lit-on aussi dans ce texte. Les parties ont 20 jours ouvrables pour contester la décision et la Fondation Salvador Dali, qui gère et protège le patrimoine laissé par le peintre, a aussitôt assuré qu'elle déposerait un recours contre cette procédure civile.

Née en 1956 dans une clinique de Figueras, Pilar Abel soutient que Dali et sa mère ont entretenu une liaison clandestine, quand cette dernière travaillait dans la petite localité côtière de Portlligat où le peintre séjournait souvent. Dans un témoignage confus diffusé en mars 2015 à la télévision catalane TV3, elle assurait que quand elle avait huit ans, sa grand-mère lui avait confié : "Je sais que tu n'es pas la fille de mon fils, je sais que ton père est un grand peintre". "Elle m'avait dit le nom : Dali", affirmait-elle. Sa mère, "amoureuse de Dali", lui aurait confirmé cette histoire avant d'être atteinte de démence sénile.

Son avocat, Enrique Blánquez, a assuré à l'AFP que l'histoire était "connue dans le village". "Il y a des témoins, s'il n'y avait une base de preuves minimale, cette décision n'aurait pas été prise", a-t-il plaidé. Il a notamment évoqué un témoin qui travaillait pour Dali et que le peintre payait, selon lui, pour enquêter sur les allées et venues de la mère de Pilar Abel. Dans un premier temps, la cartomancienne avait confié son dossier à Me Francesc Sostres, avocat connu pour avoir représenté un Catalan qui affirmait être le fils de Juan Carlos I, roi d'Espagne de 1975 à 2014, mais s'était vu débouté de sa demande de reconnaissance. Pilar Abel a, elle, dû se trouver un autre avocat, ne pouvant plus payer les honoraires du premier.

Le journal catalan La Vanguardia l'avait présentée en 2015 sous le titre "La voyante qui se prend pour la fille de Salvador Dali", en avertissant que l'histoire paraissait "totalement invraisemblable". Le journal assurait qu'elle avait déjà vainement réclamé 600 000 euros à l'écrivain espagnol Javier Cercas pour de présumées injures dans un de ses romans.

Grand nom du surréalisme, Salvador Dali est mort à 84 ans le 24 janvier 1989 dans un hôpital de Figueras, après une vie intense et trépidante, alimentée par ses créations géniales et ses extravagances. Richissime et désespéré, il a vécu ses sept dernières années reclus dans son château de Pubol, près de Gérone, au milieu d'une cour de soignants et de secrétaires. Il est enterré au sein du théâtre-musée de Figueras qu'il avait lui-même imaginé et qui a reçu, en 2016, plus d'1,1 million de visiteurs. Dans ses dernières volontés, Dali avait pourtant demandé à reposer à Pubol auprès de sa muse, Gala, qui avait partagé une grande partie de sa vie. Reste que cette demande en paternité aurait peut-être amusé Dali le facétieux, qui avait vendu un faux poil de sa moustache 10 000 dollars à Yoko Ono, selon un récit de l'actrice et ancienne chanteuse française Amanda Lear.

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Salvador DalÁ­ avec Babou, son ocelot © Photo Roger Higgins - 1965 - Licence Domaine public

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