Art contemporain

Chaumont-sur-Loire (41)

Dix ans de nature et d’émerveillement

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 27 juin 2018 - 427 mots

Une quinzaine de commandes et d’expositions célèbrent les dix ans d’art du domaine de Chaumont-sur-Loire, composant un paysage qui fait la part belle à la nature et à la matière.

Patrick Blanc, <em>Spirale végétale</em>, dans la cour des écuries du domaine de Chaumont-sur-Loire.
Patrick Blanc, Spirale végétale, dans la cour des écuries du domaine de Chaumont-sur-Loire.
Photo Eric Sander

Nils Udo a posé des œufs de marbre sur le cratère d’un volcan, et planté tout autour quelques charmes encore frêles, dont l’ombrage doit, au fil du temps, veiller sur la ponte. L’artiste allemand mondialement connu pour ses nids géants et ses installations lilliputiennes revient pour la deuxième fois au Centre d’arts et de nature de Chaumont-sur-Loire dont il avait été l’invité en 2009. Son œuvre métaphorique s’inscrit dans un parcours, déjà riche, initié en 2008. Le domaine fête en effet ses dix ans d’art, à l’origine de soixante-quinze commandes passées à différents créateurs et d’une programmation d’expositions et de projets artistiques menée chaque année en parallèle de son Festival international des jardins.

Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger <em>Les Pierres et le printemps</em>.
Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger Les Pierres et le printemps.
Photo Eric Sander

Cette dixième saison offre donc de retrouver en pèlerinage les nombreuses œuvres pérennes disséminées dans le parc et dans les dépendances, tout en découvrant les réalisations des artistes invités à l’occasion de cet anniversaire. Pour sa deuxième année de création au domaine, Sheila Hicks déploie ainsi ses étendards de couleurs dans les appartements du château. Cascades de tissus sculpturales, envoûtement du papier de soie et de la laine dialoguant avec les tapisseries d’époque étiolées, c’est une Sheila Hicks exubérante qui règne ici en majesté. Un peu plus loin, Klaus Pinter a placé sous l’auvent des écuries une de ses sphères spectaculaires, structure en bambou et feuilles de métal doré comme un soleil couché sur le pavement. À proximité d’un bosquet de bouleaux, Fujiko Nakaya fait se lever une nappe de brume impalpable. La matière est cependant au cœur de ce parcours : jointure d’or signée Sarkis sur une commode du salon, bambou tissé de Tanabe Chinkusai IV, sculptures de coton brut de Simone Pheulpin…, jusqu’à la Folie d’Eva Jospin, qui mélange pour une architecture surnaturelle la terre cuite avec les pierres semi-précieuses, les pommes de pin et les lianes de chanvre, de cuir et de polyuréthane. Le végétal inspire les délicats photogrammes d’Anne et Patrick Poirier rassemblés sur deux étages de la galerie basse du Fenil, dans un somptueux Herbarium Memoriae. L’exposition hommage au peintre Jacques Truphémus, disparu en 2017, et dont on découvrira quinze toiles montrées pour la première fois, offre enfin, depuis les galeries hautes, un fascinant jeu de regards entre le dedans et le dehors, entre « l’omniprésente lumière », telle qu’encensée par Yves Bonnefoy, d’une peinture de paysage où vibre la couleur pure, et le décor au cordeau des allées du domaine.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Dix ans de nature et d’émerveillement

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque