États-Unis - Musée

Deux phares dans le brouillard new-yorkais

Par Mathieu Oui · L'ŒIL

Le 21 mai 2025 - 452 mots

Cet automne, deux musées prônant l’ouverture culturelle avec des artistes peu visibles pour l’un et d’origine africaine pour l’autre ouvriront à Manhattan.

Dans le contexte politique délétère que connaissent les États-Unis depuis la réélection de Donald Trump, l’ouverture de deux musées à New York d’ici la fin de l’année, constitue l’une des rares bonnes nouvelles sur le front de l’art et de la culture. À l’automne, ces nouveaux édifices, au sud et au nord de l’île de Manhattan, doivent enrichir son paysage culturel. Ces deux phares dans une période de profond brouillard sont signés par des architectes non américains (en association avec l’agence new-yorkaise Cooper Robertson). Au sud, dans le quartier du Bowery, l’extension du New Museum conçue par l’agence OMA (avec pour associés le Japonais Shohei Shigematsu et le Néerlandais Rem Koolhaas) doit compléter le bâtiment initial de l’agence japonaise SANAA qui fut inauguré en 2007. Sur près de 6 000 m2, ce nouvel immeuble de sept étages doublera les salles d’expositions, offrira de nouveaux lieux pour accueillir les résidences d’artistes et les programmes publics, et hébergera l’incubateur culturel du musée, NEW INC. Le dessin légèrement en retrait de la façade de verre dessinée en biseau ouvre un espace public au niveau de la rue, afin d’accueillir des installations artistiques, des performances et des rassemblements. Au nord, à Harlem, le Studio Museum, jusqu’à présent hébergé dans un loft de la Ve avenue, bénéficiera d’un édifice conçu par l’agence Adjaye Associates, fondée par le Ghanéo-Britannique David Adjaye. Ce dernier a imaginé une superposition de blocs noirs de tailles différentes agrémentées de baies vitrées en s’inspirant des maisons en pierre brune typiques du quartier (les brownstones), des églises. En plus des galeries d’exposition, le bâtiment disposera de studios pour artistes en résidence et d’espaces éducatifs, le tout sur une surface totale de 7 600 m2. Une terrasse sur le toit offrira une vue sur le quartier et le skyline de New York. Au rez-de-chaussée, un hall d’entrée de 150 places en forme de « perron inversé » ouvert au public, pourra être utilisé comme scène de conférences ou de spectacles. Au-delà de l’aspect architectural de ces nouveaux bâtiments, bien loin du style néoclassique remis au goût du jour par le président américain, c’est surtout la programmation de ces institutions qui est remarquable. Le New Museum défend une création résolument contemporaine, et des artistes souvent peu présentés dans les institutions, en raison de leur genre ou de leur origine ethnique. Quant au Studio Museum, il a été fondé en 1968 avec pour objectif de valoriser les artistes d’origine africaine, qu’ils soient new-yorkais, américains, ou internationaux. Deux musées prônant l’ouverture culturelle et le dialogue entre l’art et la société : tout ce que déteste Donald Trump !

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°786 du 1 juin 2025, avec le titre suivant : Deux phares dans le brouillard new-yorkais

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