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Des réserves toutes neuves pour le Musée Sainte-Croix de Poitiers

Par Sindbad Hammache · lejournaldesarts.fr

Le 18 juin 2019 - 598 mots

POITIERS

Les collections disséminées du musée poitevin -qui gagne 1 500 m² de plus- sont désormais réunies en un lieu unique. 

Pascal Faracci, directeur des musées de Poitiers © Musées de Poitiers / Christian Vignaud
Pascal Faracci, directeur des musées de Poitiers
© Musées de Poitiers / Photo Christian Vignaud

Depuis sa création en 1974, le bâtiment d’architecture brutaliste du Musée Sainte-Croix à Poitiers ne disposait pas de réserves. Une situation unique, qui avait amené le musée à stocker ses collections dans 43 espaces différents, répartis en neuf bâtiments. Le projet de réserves extérieures lancé il y a six ans voit aujourd’hui le jour, et le déménagement des collections dans l’espace de stockage flambant neuf suit son cours. Le lieu accueillera également le fonds archéologique issu des fouilles de la ville.

Situé à Vouneuil-sous-Biard, à une dizaine de kilomètres à l’ouest du musée, ce bâtiment de 2 400 m² accueillera les 1 225 000 lots de la collection dans des conditions optimales de conservation. L’architecte Hugues Fontenas a veillé à concevoir un lieu parfaitement hermétique, d’une grande stabilité thermique. Pour réaliser ce projet, la mairie a déboursé 7,5 millions d’euros, dont 1,7 million ont été subventionnés par l’Etat et les collectivités locales.

« On avait la possibilité de perdre la mémoire », s’inquiétait l’année passée Pascal Faracci, directeur du musée : les nombreuses collections éclatées seront bientôt centralisées sous le même toit, et entièrement récolées. Un travail titanesque qui arrive bientôt à son terme, et qui permet de libérer environ 1 500 m² d’espace supplémentaire au Musée Sainte-Croix. 

Cour et entrée du Musée Sainte-Croix à Poitiers
Cour et entrée du Musée Sainte-Croix à Poitiers
Photo Daniel Clauzier, 2011

Le chiffre important du nombre de pièces dans les réserves du musée poitevin s’explique par l’important fonds préhistorique, provenant essentiellement des sites archéologiques voisins, qui représentent 1 150  000 pièces au total. La reste de la collection se compose de quelques 70 000 pièces historiques, qui couvrent l’histoire de l’antiquité au début du XXe siècle.

Le nouveau bâtiment abritera également un lieu dédié aux chercheurs, archéologues et historiens de l’art, mais ne sera pas ouvert au public : seuls quelques poitevins ont pu découvrir le nouvel écrin des réserves, lors des Journées Nationales de l’Archéologie, le week-end dernier. 

Le travail sur les réserves du Musée Sainte-Croix est aussi le fruit d’une coopération de trois ans entre la ville de Poitiers et l’Institut national du patrimoine. Ce partenariat s’est concrétisé par la participation d’élèves de l’INP aux travaux de petite restauration et de conditionnement des collections, ainsi que par deux sessions de formation continue.

Les premières œuvres sont arrivées à Vouneuil-sous-Biard début avril : ce sont les objets organiques, tableaux, meubles, fauteuils, susceptibles d’être infectés de bactéries ou de larves. Ces pièces subissent une privation d’oxygène dans une bulle d’anoxie, afin d’éliminer tout risque de contamination. Suivront ensuite les grandes pièces lapidaires, antiques et médiévales. En décembre, l’ensemble des réserves du musée seront transférées.

Le travail ne sera pas fini, puisque début 2020, ce sont les résultats de 50 années de fouilles archéologiques à Poitiers qui trouveront refuge dans ces réserves externes. Actuellement propriété de l’Etat, ces artefacts, que Pascal Faracci quantifie à « environ 3 087 caisses », seront transférés à la ville de Poitiers. Pour le musée, l’enjeu majeur des années à venir sera donc de traiter et valoriser ces restes archéologiques : « On ne va plus écrire l’histoire de Poitiers de la même manière, une fois qu’on aura pris la mesure de ces vestiges », confie le directeur du musée.

L’utilisation de ces 1 500 m² supplémentaires n’est pas encore déterminée, et attend la rédaction d’un nouveau projet scientifique et culturel (PSC), ainsi que les orientations qui seront prises après l’élection municipale de 2020. Des services aux visiteurs devraient toutefois y être développés, ainsi que des espaces d’expositions. Ceux-ci pourront montrer des collections préhistoriques désormais mieux connues, ou être le support d’un récit archéologique, que la prochaine étude du fonds légué par l’Etat pourrait écrire.
 

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