Politique culturelle

Culture et politique de la Ville

Par Damien Roger · Le Journal des Arts

Le 20 janvier 2021 - 539 mots

FRANCE

Les enjeux de développement culturel sont devenus incontournables dans les programmes de politique de la Ville..

France. À partir de la fin des années 1970, les politiques de régénération urbaine changent de cible prioritaire et élargissent leurs instruments d’intervention. Délaissant les centres anciens, ces politiques publiques visent désormais prioritairement les quartiers périphériques confrontés à des problématiques de paupérisation et de relégation. De surcroît, l’intervention de l’État ne se limite plus à la réhabilitation foncière mais s’élargit au développement social urbain.

C’est notamment pour répondre aux épisodes de violences urbaines, comme à Vaulx-en-Velin (Rhône) en 1979, qu’est forgée la politique de la Ville. En 1981, un dispositif intitulé « opérations anti-été chaud » est institué en réponse aux premiers troubles. Il vise à permettre aux jeunes de bénéficier d’activités culturelles, sportives et de loisirs pendant les vacances scolaires. Si les opérations originelles de la politique de la Ville sont principalement centrées sur le logement et les approches en termes de développement économique et social, les actions culturelles n’en sont pas absentes. Elles occupent même une place importante dans le « développement social des quartiers » (DSQ) mis en place en 1983.

Bien que marginales au regard des financements mobilisés, les actions culturelles s’affirment comme un volet incontournable de la politique de la Ville. Au cours des années 1980, la problématique de la démocratisation culturelle fait l’objet d’une intense réflexion au ministère de la Culture, qui crée un service dévolu au développement culturel. Le ministère apporte son soutien aux initiatives culturelles prônées par les Villes dans les quartiers à travers notamment le fonds d’intervention culturelle. Un pilotage se met également en place au niveau national avec la création, en 1988, d’un Conseil national des villes et d’une Délégation interministérielle à la ville. Des sous-préfets à la ville sont installés en 1990, qui sont chargés de coordonner l’action de l’État dans les territoires prioritaires.

La culture pour lutter contre la fracture sociale

En 1995, le thème de la « fracture sociale » fait irruption dans le débat politique. Le ministre de la Culture, Philippe Douste-Blazy, juge que l’action artistique et culturelle peut favoriser « la restauration de la communication sociale dans la ville » . Il lance les « projets culturels de quartier ». Pour cela, il fait appel à des parrains comme l’acteur Fabrice Luchini ou la couturière Sonia Rykiel. Désormais, la culture doit constituer une dimension centrale du développement social urbain. La circulaire conjointe de la ministre de la Culture et du ministre délégué à la Ville du 19 juin 2000 souligne à nouveau que « la culture, dans son ambition et dans sa capacité à interroger et à mettre en perspective l’ensemble des enjeux de société, est une dimension à part entière de la politique de la Ville ».

Plus récemment, la priorité du ministère en faveur de l’éducation artistique et culturelle s’est concrétisée dans l’objectif « 100 % EAC », le « plan bibliothèques » ou encore le projet Démos centré sur la pratique musicale pour les enfants. L’ambition est de favoriser l’accès de tous à l’art et à la culture, notamment dans les quartiers prioritaires. En 2021, une « délégation générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle » a été créée au ministère de la Culture, traduisant la prise en compte toujours plus forte des enjeux de la Ville dans les politiques culturelles.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°559 du 22 janvier 2021, avec le titre suivant : Culture et politique de la Ville

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