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Cités de la gastronomie : un réseau pour ne fâcher personne

Par Francine Guillou · lejournaldesarts.fr

Le 20 juin 2013 - 549 mots

PARIS [20.06.13] – Le lancement officiel du réseau des Cités de la Gastronomie valide les projets de Rungis, Tours, Dijon et Lyon finalement qualifiée. Une sélection très politique qui mise un peu facilement sur la mutualisation d’un réseau.

On le savait depuis le mois de janvier : la grande Cité de la Gastronomie concrétisant l’inscription du  « repas gastronomique français » au patrimoine immatériel de l’Unesco sera en fait un réseau de villes sélectionnées parmi les candidates au titre. Rungis, Tours et Dijon, bonnes élèves, avaient été choisies, Beaune écartée, Lyon priée de revoir sa copie. Une manière de couper la poire en trois pour ne fâcher personne.

Hier mercredi 19 juin, trois ministres inauguraient au ministère de l’Agroalimentaire, rue de Varenne à Paris, ce fameux réseau : Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, et Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, se félicitaient de la future mutualisation des quatre cités qui depuis janvier, ont dégagé des spécificités.

A Dijon, il s’agira de la valorisation et de la promotion de la culture de la vigne et du vin. La ville « porte d’entrée des grands crus français » selon son sénateur-maire François Rebsamen, vise l’été 2016 pour ouvrir sa Cité, pour un coût estimé à 52 millions d’euros, « pris en charge largement par des investissements privé ». A Paris-Rungis revient de mettre en avant la « créativité et la mixité des expressions artistiques de la gastronomie », une notion encore floue. Portée par les communes de Rungis et Chevilly-Larue, soutenue par la Ville de Paris et la région, cette Cité installée sur 7,5 hectares à proximité des Halles devrait ouvrir à l’horizon 2013, après des travaux estimés à 65 millions d’euros.

Le maire de Tours Jean Germain souhaite faire de sa Cité un lieu de transmission aux forts accents éducatifs : montrer aux jeunes visiteurs que la gastronomie permet de « s’engager dans des métiers où l’ascenseur social n’est pas en panne ». La cité ouvrira courant 2017 sur les rives de la Loire. Lyon a rassuré sur la gouvernance de sa Cité, se dotant d’un comité d’orientation formé par les partenaires institutionnels pour assurer une gouvernance indépendante, et en mettant l’accent sur la santé et la nutrition dans sa programmation. La Cité lyonnaise sera intégrée dans l’Hôtel-Dieu, en cours de réhabilitation hôtelière par le Groupe Eiffage, qui finance en grande partie le projet.

Coordination, mutualisation, concertation, coopération, coproductions d’événements : le vocabulaire déployé par les ministres a résonné comme un mantra à destination des maires, qui vont devoir agir de concert dans les années à venir. La tâche s’annonce ardue.

Lors du lancement officiel, les piques du maire de Tours pointant des « projets people et marketing » ont mis en lumière les tensions apparues lors de la compétition entre les futurs partenaires. La tentation sera forte pour Lyon de s’arroger un leadership que les autres villes sont loin de vouloir lui confier.

Les quatre villes s’engagent dans des projets à long terme, aux coûts élevés, d’autant plus que l’Etat ne semble pas vouloir mettre la main à la poche. Les collectivités territoriales et leurs partenaires privés assumeront la majeure partie des investissements.

Aurélie Filippetti prévient : « le tout n’est pas d’avoir le label, il faut le conserver ensuite ». L’Unesco aura également son mot à dire.

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Vue de la ville de Dijon - © Photo Christophe.Finot - 2005 - Licence CC BY-SA 2.5

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