Musée

À Cabourg, du côté de chez Proust

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 8 avril 2021 - 442 mots

La Villa du Temps retrouvé, nouveau musée qui ouvre ses portes en Normandie, promet une immersion dans l’œuvre de Proust et dans la Belle Époque.

De 1907 à 1914, chaque été, c’est le même rituel : le Grand Hôtel de Cabourg voit revenir le même client fantasque. Un dandy parisien qui réserve, outre le numéro 414, les deux chambres adjacentes. Non pas pour y loger ses amis, ou ses conquêtes, mais pour s’assurer de ne pas être dérangé par le tapage. Il faut dire que ce client ne vient pas dans cette très huppée station balnéaire pour faire la bamboche, il vient y humer l’air marin pour se refaire une santé et profiter du calme et du confort dernier cri de l’hôtel, afin de travailler dans un cadre propice au repos et à la concentration. Ce qu’il y trouve et qui le force à revenir année après année, c’est surtout l’inspiration qu’il puise dans l’observation du quotidien des estivants et les modes de vie de la bonne société qu’il scrute depuis sa tanière du quatrième étage.

Sous la plume de Proust, Cabourg devient Balbec, la toile de fond idyllique d’À la recherche du temps perdu. Observateur acéré, l’écrivain retranscrit l’âge d’or de la Côte fleurie, cette période où la mode des bains de mer transforme le territoire. Il relate aussi l’évolution des loisirs et les innovations technologiques de son temps, comme l’essor de l’automobile et des télécommunications. Proust tire le portrait de cette Belle Époque qui nous fait encore tellement rêver, ce moment charnière entre deux mondes, cette période foisonnante en quête de progrès et vivant dans une insouciance et un luxe insolents. Indissociable du Cabourg 1900, Proust est le guide et l’inspirateur d’un nouveau lieu visant à faire revivre cette période.

Ingénieusement baptisé Villa du Temps retrouvé, ce musée d’évocation prend place dans la villa Bon Abri, une demeure emblématique de l’architecture de la Belle Époque. Cette maison-musée propose une immersion dans cette période mythique grâce à des œuvres, des objets et du mobilier emblématiques de cette époque décisive, réalisés par des artistes proches de Proust, comme Blanche, mais aussi par des créateurs liés à la Normandie au tournant du siècle, tels que Boudin et Monet. Cet écrin veut aussi se démarquer en offrant une expérience patrimoniale originale grâce à un parcours mêlant ambiances visuelles, sonores, musicales numériques et même olfactives. La villa propose ainsi une expérience sensible à ses hôtes qui peuvent y goûter l’art de vivre d’alors en s’installant confortablement dans un fauteuil d’époque pour rêvasser ou feuilleter un livre de la bibliothèque. Et pourquoi pas, pour les mélomanes, y jouer du piano sous le patronage de Debussy ?

Villa du Temps retrouvé, 15, avenue du Président-Raymond-Poincaré, Cabourg (14). Tarifs de 6 à 8 €. villadutemps retrouve.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°743 du 1 avril 2021, avec le titre suivant : À Cabourg, du côté de chez Proust

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