Art Basel, pôle d’attraction

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 23 mars 2012 - 549 mots

Du 14 au 17 juin 2012, des amateurs d’art moderne et contemporain venus de partout seront au rendez-vous des plus grands galeristes et collectionneurs du monde.

Rien ne prédestinait Bâle, ville d’art et d’histoire, à devenir le lieu par excellence du « marché » de l’art. Si la culture y trouvait surtout son compte par rapport à une histoire ancienne, voire médiévale, et si les Bâlois se flattaient de posséder le seul grand port fluvial de la Suisse, son image en matière de négoce d’art moderne et contemporain était plutôt restreinte. C’est justement à l’un des siens qu’elle doit la foire d’art contemporain dont elle s’est dotée il y a plus de quarante ans – Art Basel –, considérée aujourd’hui comme la première au monde.

L’influence décisive d’un marchand d’art : Ernst Beyeler
Quand il fit le choix au tournant des années 1950 d’installer sa galerie à Bâle, dans « sa » ville, plutôt qu’à Paris ou à New York, Ernst Beyeler misait sur le fait d’y attirer le monde de l’art de l’époque. Le pari était risqué et il ne pouvait imaginer que, vingt ans plus tard, il allait se trouver à l’origine de la création d’une foire d’art moderne et contemporain. Lancée en 1970 avec la complicité d’une petite poignée de ses confrères qui lui avaient emboîté le pas, la foire de Bâle se présentait comme un « Salon international d’art contemporain ».Si elle est devenue très rapidement « le » rendez-vous incontournable de la profession, voire un véritable modèle, c’est tant par l’exigence de son contenu que par la qualité de ses services. Attentive à la mise en valeur d’un certain patrimoine fondateur de modernité – on y trouve toujours des œuvres de très grande qualité dignes des plus grands musées –, Art Basel s’est toujours appliquée parallèlement à favoriser la jeune création ou certains modes d’expression particuliers.

Plus de 1 000 candidatures pour 60 000 visiteurs
La foire a déjà connu quarante-deux éditions et par-delà les périodes de crise et d’euphorie d’un marché de l’art souvent en dents de scie, son attrait est demeuré intact. Non seulement parce que la Suisse jouit d’une situation économique favorable, mais aussi parce qu’Art Basel s’est dotée au fil du temps de structures satellites prospectives ouvertes sur l’avenir. Ainsi en est-il de « Nouvelles tendances » (1974), « Perspective » (1979), « Édition » (1990), « Vidéo-Forum » (1995), « Statements » (1996) et « Untitled » (2000), un hall d’exposition pour les œuvres monumentales des artistes présentés par les galeries qui a beaucoup contribué à la nouvelle aura de la manifestation. Encore faut-il ajouter à cette dynamique la création en 2002 d’Art Basel Miami Beach.

Si la direction de la foire a été marquée par un comité de sélection porté par de fortes personnalités, au premier chef desquelles Ernst Beyeler puis Samuel Keller, elle est aujourd’hui confiée à la Suissesse Annette Schönholzer et à l’ancien journaliste franco-américain Marc Spiegler. Plus de mille candidatures sont déposées chaque année, trois cents seulement sont élues. Avec plus de soixante mille visiteurs, Art Basel, qui a drainé toute une multitude de manifestations périphériques, est assurément l’un des meilleurs baromètres de la santé du marché de l’art. Dans tous les cas, elle vient contredire l’idée qui court parfois que le principe de la galerie est obsolète !

> www.basel.com
> Art Basel, du 14 au 17 juin 2012, www.artbasel.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°645 du 1 avril 2012, avec le titre suivant : Art Basel, pôle d’attraction

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