Foire & Salon

Art Basel, boussole du marché

La Foire de Bâle se pose plus que jamais en figure de proue d’un marché tout en contrastes et très fluctuant

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 6 juin 2012 - 708 mots

À chaque édition de la Foire de Bâle ses innovations, plus ou moins emblématiques ou porteuses. Celles du cru 2012, qui cette année voit son calendrier coller à l’inauguration, quelques jours auparavant, de la Documenta de Kassel, ne touchent pas à l’organisation de la manifestation mais se situent à la marge.

En premier lieu, Simon Lamunière, qui depuis le lancement de la section [consacrée aux œuvres monumentales] « Art Unlimited » en 2000, en assurait le commissariat, a tiré sa révérence et se voit remplacé par Gianni Jetzer, le directeur du Swiss Institute de New York. Ce dernier annonce un renouvellement de la conception architecturale du hall lui tenant lieu de terrain de jeu. Un terrain qui attire une fois encore quelques belles têtes d’affiche tels Chris Burden (Krinzinger, Vienne), Mike Nelson (303 Gallery, New York ; Franco Noero, Turin), Anthony McCall (Sean Kelly, New York), Damián Ortega (Gladstone Gallery, New York), Ugo Rondinone (Eva Presenhuber, Zurich) ou Art & Language (Lisson, Londres).

Se fait jour en outre un remaniement du calendrier d’inauguration. Habituellement concentré sur la seule journée du mardi – hormis la traditionnelle preview consacrée à « Art Unlimited » le lundi après-midi –, celui-ci se voit inclure une journée supplémentaire, le public général ne pouvant désormais accéder au salon qu’à partir du jeudi. Repousser au mercredi après-midi le vernissage laissera le mardi aux seuls porteurs de cartes VIP. Si ces nouvelles dispositions permettent certainement de réguler l’affluence du premier jour et de lui conserver une atmosphère professionnelle de bout en bout, il est notable qu’une première tranche de quatre heures exclusivement réservée aux grands acheteurs s’accompagne de critères d’accès plus exclusifs. Un moyen de les choyer en leur offrant des conditions de visite optimales…, ceci en toute discrétion, la presse n’étant plus conviée à arpenter les travées durant ces premières heures !

Sage ou flamboyant ?
Si grâce à sa renommée Art Basel affiche généralement de très bons résultats, quelle attitude tant les marchands que les acheteurs adopteront-ils ? D’autant que les uns comme les autres s’étaient montrés prudents lors de la dernière édition d’Art Basel Miami Beach, en décembre 2011. Et que, plus récemment, un Armory Show [en mars] très moyen et une première Frieze Art Fair new-yorkaise [du 4 au 7 mai] contrastée, où tous les galeristes n’ont pas travaillé convenablement et dont beaucoup se sont tourné les pouces une fois passé le vernissage, ont attesté d’un marché très fluctuant, dans un contexte toujours secoué par les soubresauts et les incertitudes d’une crise financière qui n’en finit pas.

Tandis que les enseignes de petite taille résistent tout en continuant à souffrir, celles qui sont internationalement bien installées semblent toujours surfer sur la vague, malgré parfois quelques creux. Un galeriste parisien ayant le vent en poupe relève ne pas avoir ressenti la crise tout en constatant une déconnexion «  de la réalité économique. Notre activité fait désormais partie de la branche du luxe, qui nous a happés. » Tandis qu’un de ses solides confrères note pour sa part « une continuité dans les excellents résultats engrangés lors des foires, avec toutefois un bémol s’agissant des achats institutionnels, un certain essoufflement du marché parisien et un ralentissement sensible de l’activité en galerie »… d’où l’importance toujours accrue d’un tel rendez-vous !

Le marché, et Art Basel en particulier, montre sa capacité permanente à s’adapter aux nouvelles donnes issues des développements géographiques mais aussi démographiques – on croise de plus en plus d’amateurs trentenaires – de la réalité globalisée que constituent les collectionneurs. Dans une période où l’art contemporain est toujours plus à la mode, quel profil de stands les marchands adopteront-ils afin de séduire les acheteurs : sage ou plus flamboyant ?
L’ancien directeur de la foire Samuel Keller juge le contexte très satisfaisant tout en admettant que « le ciel n’est pas complètement dégagé, il y a aussi quelques gros nuages. » Ceux-ci s’évacueront-ils ?

ART BASEL

Du 14 au 17 juin, Messe Basel, halls 1 et 2, Messeplatz, Bâle (Suisse), www.artbasel.com, tlj 11h-19h.

- Directeurs : Annette Schönholzer et Marc Spiegler

- Nombre d’exposants : 306

- Tarif du stand : 649 CHF (540 euros) le mètre carré

- Nombre de visiteurs en 2011 : 65 000


Légende photo

Entrée de la Foire Art Basel à Bâle (Suisse) - © Photo courtesy Art Basel

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°371 du 8 juin 2012, avec le titre suivant : Art Basel, boussole du marché

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