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Agglomérations : Angers, Belfort - prime à la mutualisation

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 10 mai 2016 - 1172 mots

Le haut du palmarès des musées dans les agglomérations consacre des institutions mutualisées. Le Top 10 met en lumière des musées spécialisés qui remplissent leur mission avec enthousiasme.

Pour ce palmarès consacré aux communautés urbaines et aux agglomérations, les résultats mettent en lumière des musées qui, sans bénéficier de la couverture médiatique des grandes institutions, attirent les visiteurs en nombre et produisent un travail scientifique de grande qualité. Dans ce nouveau classement, les cartes sont redistribuées et distinguent des musées généralistes comme spécialisés, illustrant la diversité muséale des territoires.

Le paysage des agglomérations et des communautés urbaines françaises est certes hétérogène, mais la moyenne se situe ici autour d’un noyau urbain de 150 000 habitants. Si les grandes communautés urbaines se sont fondues ces dernières années dans les métropoles, ce classement comporte néanmoins les communautés urbaines de Nancy, Dijon, Le Havre ou Nîmes (les plus grandes villes de ce classement). Pas moins de 4,7 millions de visiteurs ont franchi les portes des 116 musées de ce classement en 2015, un chiffre qui illustre la vitalité de ces institutions et leur succès public. Par rapport à 2014, la fréquentation est restée stable, alors même que l’année, chargée en événements dramatiques, n’aura pas été propice aux grandes institutions, notamment parisiennes, affectées par les mesures de sécurité post-attentats.

Angers 1er, puis Belfort
Dans ce nouveau classement, le Musée des beaux-arts d’Angers (Maine-et-Loire) n’est pas inconnu au Palmarès du Journal des Arts, et confirme son dynamisme constant. Il est premier dans sa catégorie. Si une partie de ses résultats sont mutualisés avec les autres institutions de la Ville, le Musée des beaux-arts et son « annexe », la galerie David d’Angers, restent les têtes de pont des musées angevins avec une fréquentation en très légère hausse, de 2,5 %, par rapport à 2014, fruit d’une programmation temporaire toujours dense et de haute volée. À Angers, l’importante population estudiantine est dans la ligne de mire des équipes. En témoignent les 60 nocturnes organisées annuellement et le Festival « Chababa » qui, en associant l’université et l’École supérieure des beaux-arts, a permis de faire venir 3 500 jeunes dans les murs du musée pour une programmation alliant musique électronique et arts. Cette première place est à porter au crédit de la direction des musées d’Angers, incarnée, jusqu’à peu, par Ariane James-Sarazin. La nouvelle directrice, nommée au mois de février et venue d’Arras, a pour feuille de route l’augmentation des coproductions avec d’autres institutions, point essentiel pour les musées en régions.

Les Musées de Belfort (Territoire de Belfort) accèdent au deuxième rang du classement. Nouvelle entrante, la Ville de Belfort est sans doute plus connue pour son festival de musique les Eurockéennes, lequel draine chaque été des milliers de festivaliers. La cité belfortaine a fortement mutualisé ses musées d’histoire, de beaux-arts et d’art moderne, ainsi que sa citadelle. Elle propose des parcours de visite croisés et une programmation temporaire à cheval sur plusieurs lieux. En 2015, l’exposition « Retour sur l’abîme. L’art à l’épreuve du génocide » [lire le JdA no 447, 11 déc. 2015], coproduite avec le Crac (Centre régional d’art contemporain) de Montbéliard, s’étendait sur plusieurs sites de Belfort, et a su séduire, malgré la gravité du sujet : avec une augmentation de près de 9 % du nombre de visiteurs en 2015, Belfort attire sans conteste le public.

Nancy juste derrière Grasse, pôle d’attraction touristique
La principale surprise du podium est la troisième place emportée par le Musée international de la parfumerie (MIP) à Grasse : ce musée industriel et de société, qui dépend depuis 2009 de la communauté d’agglomération du Pays de Grasse, a passé en 2015 la barre des 100 000 visiteurs annuels. Avec plus de 50 % de visiteurs étrangers, il est un véritable pôle d’attraction touristique. Selon le directeur des musées de Grasse, Olivier Quiquempois, « les objectifs fixés lors de l’inauguration [en 2008] sont durablement atteints. Le musée est reconnu […] par les professionnels du parfum et de la cosmétique qui lui apportent un mécénat significatif et utilisent régulièrement ses espaces ». Avec 111 locations d’espaces réalisées durant l’année, un public largement international et un travail scientifique mené sur l’histoire de la cosmétique depuis l’Antiquité, le MIP remplit ses devoirs dans le territoire des Alpes-Maritimes. Il faut noter que le Musée des beaux-arts de Nancy rate de peu (moins d’un point) le podium cette année, malgré des visites en hausse importante par rapport à l’année précédente ( 16,9 %) et une évolution favorable des recettes commerciales, de l’ordre de 58 % sur un an. Le succès de l’exposition estivale « Autoportraits du Musée d’Orsay », en collaboration avec l’établissement parisien, n’y est sans doute pas étranger.

Au Havre (Seine-Maritime), le Musée d’art moderne André-Malraux (MuMA) pâtit en 2015 d’une fréquentation en berne par rapport à 2014 (– 49 %, 70 000 visiteurs), qui se répercute de facto sur certains critères d’évaluation, notamment les recettes commerciales. « Après l’exposition “Nicolas de Staël” et une année 2014 flamboyante, il n’était pas évident de rebondir en 2015, d’autant que nous n’avions pas choisi la facilité avec une exposition d’été pointue, “Lyonel Feininger. L’arpenteur du monde” », signale Annette Haudiquet, directrice du MuMA. Classé au 6e rang, le musée reste néanmoins très régulier et solide dans ses résultats scientifiques et d’accueil. Gageons que les résultats conjoncturels de 2015 seront vite oubliés.
Le même problème se pose au Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux (Seine-et-Marne), qui voit sa fréquentation baisser de 38 % sur un an. Un phénomène qui s’explique par les bonnes performances de l’année 2014, marquée par le début des commémorations de la Première Guerre mondiale. Jusqu’en 2018, la programmation temporaire devrait cependant réserver encore de beaux coups de projecteur sur cette institution jeune et dynamique.

Chalon-sur-Saône, un budget en forte baisse
Le Musée Nicéphore-Niépce, à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), est, avec le MIP de Grasse, le seul musée « spécialisé » du Top 10 du classement. Ouvert en 1974, ce musée voué à l’histoire de la photographie est devenu une institution dans son domaine, grâce à une politique d’acquisition et d’exposition très volontariste. En 2015, il a subi une forte baisse de son budget (– 30 %), voulue par le conseil municipal, et s’apprête cette année à enregistrer une baisse similaire. Cette restriction budgétaire se répercute sur la ligne des expositions. « Nous avons réussi à présenter la programmation annoncée », souligne Christelle Rochette, conservatrice au musée. Soit sept expositions, dont quatre en coproduction. Mais les années à venir s’annoncent difficiles si la municipalité ne se réengage pas pleinement.

Enfin, le Musée Soulages à Rodez (Aveyron), inauguré en mai 2014, intègre cette année le Palmarès à la 10e place. Un très beau résultat, sachant que faute de chiffres d’évolution par rapport à l’année précédente, il ne fait pas le plein des points. Les statistiques devraient lui être encore plus favorables l’an prochain. Il faudra donc surveiller le podium, où l’Outre-noir aura alors toutes ses chances.

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Télécharger le classement des agglomérations et communautés urbaines du Palmarès des musées 2016 : icone PDF (163 ko)

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°457 du 13 mai 2016, avec le titre suivant : Agglomérations : Angers, Belfort - prime à la mutualisation

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