Grands sites - Restauration

Patrimoine

7 millions pour la merveille du Mont-Saint-Michel

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 26 novembre 2020 - 456 mots

MONT-SAINT-MICHEL

Après la réfection du cloître de l’abbaye, le bâtiment conventuel va bénéficier d’une restauration de ses façades. Celle-ci livrera un éclairage sur les techniques de construction du XIIIe siècle.

Abbaye du Mont-Saint-Michel. © Olivier Rivière / CMN, 2015
Abbaye du Mont-Saint-Michel.
© Olivier Rivière / CMN, 2015

Le Mont-Saint-Michel (Manche). Sur la pente nord du mont Saint-Michel s’étalent les 8 000 mètres carrés des façades gothiques de la « Merveille », ensemble construit entre 1212 et 1228 pour accueillir les pèlerins. « Devant un tel monument, on a surtout envie de ne rien toucher ! », s’enthousiasme Delphine Christophe, directrice de la conservation au Centre des monuments nationaux (CMN), gestionnaire des lieux. Pourtant, une opération d’assainissement est devenue nécessaire : l’auscultation de la façade envahie par le lichen a révélé des infiltrations d’eau, une altération de la pierre et des risques de chutes de matériaux.

Conserver le matériau originel

Les joints de ciment, posés lors de la dernière restauration en 1920, menacent particulièrement l’édifice : le ciment trop dur emprisonne l’eau, laquelle provoque l’éclatement des pierres. L’ensemble de ces joints sera donc purgé par les restaurateurs. L’autre chantier consiste à restaurer ou remplacer les pierres défectueuses, ceci sans introduire des matériaux neufs en trop grande quantité dans l’édifice : « Nous conservons le plus possible le matériau originel, explique la conservatrice ; sur les pierres fragilisées, on essaie même de faire des greffes pour les compléter. » La toiture, dont la dernière restauration remonte à 1890, sera également sécurisée et restaurée.

Les dimensions et la localisation du Mont-Saint-Michel font nécessairement de la restauration du monument un chantier hors norme : le CMN y investit environ 7 millions d’euros, et les hélicoptères entameront dès le 2 novembre leur balai entre le mont et le continent pour mettre en place les échafaudages, desservis par un ascenseur. C’était déjà par la voie des airs que les matériaux nécessaires à la restauration du cloître avaient été acheminés en 2017. La restauration de la Merveille s’inscrit dans la continuité de cette première phase de travaux, ainsi que de la réfection de la statue de l’archange saint Michel en 2016. Elle sera suivie d’une opération qui portera cette fois sur l’abbatiale.

Durant les deux à trois prochaines années, ce chantier mobilisera des compagnons spécialistes dans des domaines divers. La maçonnerie, mais aussi les vitraux et huisseries feront l’objet d’interventions. Les travaux seront également suivis par une équipe d’archéologues qui effectueront un relevé pierre par pierre de l’ensemble de la façade. « On va découvrir des choses, c’est évident », assure Delphine Christophe. L’étude de la façade du bâtiment permettra d’en apprendre davantage sur son histoire, sa chronologie, ses restaurations antérieures, mais surtout sur les techniques de construction du XIIIe siècle. Car si les hélicoptères assistent les restaurateurs du XXIe siècle, l’acheminement des matériaux par les bâtisseurs du Mont reste une prouesse que les chercheurs n’ont pas fini d’étudier.
 

Le Mont-Saint-Michel
Le Mont-Saint-Michel

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°555 du 13 novembre 2020, avec le titre suivant : 7 millions pour la Merveille du Mont-Saint-Michel

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque