Politique culturelle

Éditorial

Les projets pour la CEC 2028 épousent notre époque

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 7 décembre 2023 - 394 mots

Quels enseignements tirer des dossiers de candidature pour la capitale européenne de la culture 2028 ?

Concert au Théâtre de la mer à Sète, ville liée à la candidature de Montpellier. © Pierre Nocca
Concert au Théâtre de la mer à Sète, ville liée à la candidature de Montpellier.
© Pierre Nocca

Politique culturelle. On connaîtra, normalement, le 13 décembre, la ville française qui sera « Capitale européenne de la culture » en 2028 ; on peut cependant d’ores et déjà tirer trois enseignements de la phase de candidature.

Le premier est la mobilisation et l’engagement des villes candidates. À des degrés variables mais dans l’ensemble à haut niveau, elles se sont lancées dans la compétition avec sérieux et enthousiasme. Certaines se sont déclarées il y a plusieurs années, la plupart ont constitué une équipe ad hoc dotée d’un budget conséquent. Pourtant l’enjeu financier est faible, l’Europe qui est le commanditaire ne verse aucune aide, à l’exception notable des fonds habituels du type FEDER (Fonds Européen de Développement Régional), tandis que la participation de l’État plafonne autour de 12 millions d’euros. Quant à l’enjeu économique, principalement les recettes venant du tourisme, il est aléatoire et requiert de substantielles dépenses additionnelles de communication.

L’explication de cet engagement est le deuxième enseignement. La plupart des villes ont vu dans la préparation du dossier de candidature l’occasion de réunir les acteurs culturels du territoire afin de réfléchir ensemble à un projet fédérateur et de formaliser leur politique culturelle. Pour les perdants, tout ce travail n’aura pas été inutile, ils vont en tirer un bénéfice en consolidant des liens avec les élus des villes partenaires ou en faisant naître des projets qui, sans cela, n’auraient pas vu le jour. Les maires des villes centres ne s’y sont pas trompés et ont souvent été en première ligne pour « vendre » leur candidature.

Le troisième enseignement est un changement profond dans la programmation proposée pour 2028 par rapport à Marseille-Provence 2013, que l’on peut ainsi résumer : pas ou peu de béton et irrigation du territoire avec des événements de taille modeste. Un choix dicté par des considérations de transition écologique, de diversité et de participation citoyenne. Pourtant, dans le domaine des arts visuels, aucune des quatre villes encore en lice n’a de musée d’art contemporain et aucune n’a prévu de profiter du label pour en construire. En lieu et place, elles projettent de multiplier les commandes aux artistes, les résidences, les installations dans des sites naturels ou bâtis et les lieux d’exposition sans collection. Les dossiers de candidature sont un bon miroir de notre époque, on en conseille la lecture.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°622 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : Les projets pour la CEC 2028 épousent notre époque

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