Société

Éditorial

Les premiers effets de la crise énergétique

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 13 septembre 2022 - 419 mots

La décision de Strasbourg de fermer ses musées un jour de plus par semaine annonce un automne sous tension.

Le palais Rohan abrite le Musée des beaux-arts de Strasbourg. © Kent Wang, 2022, CC BY-SA 2.0
Le palais Rohan abrite le Musée des beaux-arts de Strasbourg.
Photo Kent Wang, 2022

Musées. Cela risque fort d’être le « sujet » de l’automne. La maire Europe Écologie Les Verts de Strasbourg, Jeanne Barseghian, a annoncé qu’elle allait fermer les musées de la ville deux jours par semaine (au lieu d’un), ainsi qu’entre 13 heures et 14 heures, en raison de la hausse des prix de l’énergie et ses conséquences sur les finances de la ville. Plutôt que d’augmenter le prix d’entrée, la maire écologiste préfère réduire le service.

Cette décision soulève – on s’en doute – de nombreuses questions. Il est indiscutable que la hausse vertigineuse du gaz et de l’électricité, qui elle-même provoque une hausse générale des prix, pèse sur les budgets municipaux. Sans compter les menaces de pénuries énergétiques.

Sur le fond, on ne peut pas lui donner tort : combien de musées vides en France, en semaine et même le week-end ? Combien de gardiens de salles désœuvrés qui attendent impatiemment la fermeture sur leur chaise ? De sorte qu’il n’est pas illogique de fermer le musée – temporairement – les jours creux. Sauf que jours creux ne veut pas dire heures creuses et qu’il y a un décalage entre les attentes du public et les horaires traditionnels des musées. Beaucoup d’entre eux commencent à faire sortir les visiteurs à partir de 17 heures 30, c’est le cas du Louvre (sauf le vendredi). Or c’est précisément en fin d’après-midi que les actifs sortent du travail et peuvent aller au musée. Une meilleure adéquation consisterait à fermer des demi-journées pour organiser plus de « nocturnes », mais les nocturnes, surtout en hiver, cela consomme plus d’électricité. Pas simple !

Dans la forme, l’effet symbolique n’est pas formidable pour les musées. C’est accréditer l’idée que les musées ne sont pas essentiels (tiens, tiens…) et qu’ils sont énergivores. Peut-être aurait-il été nécessaire de faire plus de pédagogie sur leur coût par rapport à d’autres équipements municipaux. Subsidiairement, cela ne va pas améliorer les rapports déjà houleux entre les édiles écologistes et la culture.

D’autres musées vont-ils, à la suite de Strasbourg, instaurer de nouveaux jours de fermeture ? Y aura-t-il une pénurie telle d’énergie que le gouvernement devra prendre des mesures coercitives ? Si ce n’est pas encore la fin de l’abondance, c’est en tout cas la fin de la pause estivale et un brusque retour à la réalité. Restons positif : cette crise a au moins le mérite d’accélérer la nécessaire transition écologique.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°594 du 9 septembre 2022, avec le titre suivant : Les premiers effets de la crise énergétique

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