Les rapports d’inspection culturels servent-ils la transparence ou dissimulent-ils le débat ? Une thèse interroge.

Sociologie des inspections. « L’inspection générale des affaires culturelles (IGAC) est vigilante à offrir toutes les garanties d’impartialité d’indépendance et de qualité de ses travaux... », écrivait Laurence Tison-Vuillaume, alors cheffe de service de l’IGAC dans son rapport d’activité pour l’année 2023. Cette indépendance est de façade : tel est en résumé la thèse de Marion Demonteil dans un ouvrage récent (Inspecter la culture. Une sociologie de l’écriture administrative, ENS Éditions).

Dans ce livre très savant où le meilleur de la sociologie (un regard distancié sur un phénomène social) côtoie le moins bon (une écriture jargonnante et une pensée qui se répète à la manière de ChatGPT), l’universitaire tente de démontrer que la simplification et la standardisation des rapports des services d’inspection du ministère de la Culture contribuent à écarter la singularité des opérateurs et des politiques publiques culturelles qu’ils auditent. Du programme annuel des missions, à l’invisibilisation des rapports qui déplaisent en passant par « un contrôle collectif de la parole individuelle », tout serait fait rue de Valois pour neutraliser les écrits. L’autrice en revient à regretter les bons vieux rapports des années 1960, rédigés par d’anciens administrateurs de la « Coloniale », qui n’hésitaient pas à porter un jugement personnel sur les agents contrôlés. Sa thèse est très « située » pour reprendre une de ses expressions. L’autrice dénonce une vision purement économique de la culture, qui gommerait l’acte culturel. Elle conclut que ces rapports « ne sortent pas de l’ordre du secret qui permet de construire une séparation entre les gouvernants d’un côté et les citoyens de l’autre ».
Beaucoup de choses sont justes dans cet ouvrage. Il est vrai que les services d’inspection du ministère ne sont pas incités à contrôler les grands établissements, que les rapports prospectifs ou sur les politiques du ministère ne sont pas toujours très fouillés et que leur publicisation est réduite au minimum. Mais le reproche de l’analyse « des moyens » économiques au détriment des « fins » culturelles n’est pas le plus fondé. Comment évaluer la pertinence d’un programme culturel si ce n’est entre autres par la mesure de son audience et le rapport coût/bénéfice ? Mais surtout, cette critique mésestime l’immense liberté de création que les politiques publiques et les rapports ont toujours encouragée en France depuis des décennies. Un coup d’œil de l’autre côté de l’Atlantique le rappelle tous les jours.
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La rue de Valois face au miroir de ses audits
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°654 du 25 avril 2025, avec le titre suivant : La rue de Valois face au miroir de ses audits







