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Le Meccano immobilier du ministère de la Culture

Le Journal des Arts

Le 24 novembre 2015 - 757 mots

Pour rationaliser son patrimoine immobilier, le ministère de la Culture a engagé une réflexion sur le devenir de ses sites parisiens, un dossier complexe et épineux.

PARIS - « L’État (France Domaine) recherche une solution immobilière pour le relogement des services de l’administration centrale du ministère de la Culture. ATTENTION Selon le scénario, la recherche porte sur une surface maximale de 6 000 m² ou 27 000 m² à la location (avec option d’achat) dans un immeuble bien desservi par les transports en commun, situé à environ 30 minutes du site de la rue de Valois, Paris 1er. » Au cœur de l’été, l’annonce passée sur le portail du ministère de l’Économie a attisé la colère des syndicats du ministère de la Culture, non avertis par le projet de restructuration immobilière des services centraux du ministère. Dans une lettre ouverte adressée à Manuel Valls, l’intersyndicale CGT SUD UNSA s’est insurgée contre cette opération qui « signe le lancement d’une nouvelle phase du désengagement de l’État, ainsi qu’un nouvel affaiblissement du ministère de la Culture, de son rôle, de ses missions et de sa capacité à les assurer ».

Au cœur de la polémique, la restructuration des sept sites occupés par les directions générales du ministère à Paris, entre Beaubourg, Richelieu, la rue des Pyramides et la rue Saint-Honoré (Immeuble des Bons-Enfants), soit au total près de 1 600 agents concernés.

En réalité, l’affaire n’est pas nouvelle. Depuis 2006, le ministère de la Culture s’est délestée de plusieurs sites pour rationaliser son patrimoine immobilier, se conformant partiellement aux recommandations multiples de la Cour des comptes et du Conseil immobilier de l’État (CIE), au profit d’un regroupement des services dans l’Immeuble des Bons-Enfants, où plus de 900 agents se concentrent désormais et une prise de bail rue de Beaubourg, pour accueillir les 173 agents de la Direction générale de la création artistique (DGCA). Problème : le bail très onéreux de Beaubourg et le délabrement du fort Saint-Cyr dans les Yvelines, où sont installés 55 agents des services informatiques, forcent le ministère à réorganiser ses services pour faire de la place pour près de 270 agents.

Le jeu de mikado s’enclenche alors. Rue des Pyramides, 7 millions d’euros ont été engagés pour densifier l’immeuble qui abrite le Service des musées de France, l’Inspection générale des patrimoines et la Délégation générale à la langue française et aux langues de France. Dans l’immeuble dit « des Bons-Enfants » (érigé le long de la rue des Bons-enfants), le ministère a investi depuis 2004 près de 70 millions d’euros pour parvenir à une occupation de 10 % moindre que les prévisions (900 agents contre 1 000 prévus).

Deux options
Deux cas de figure à l’étude sont contenus dans l’annonce du ministère de l’Économie. Soit un déménagement complet des services dans un site en proche banlieue en gardant le cabinet du ministre dans l’édifice historique de la rue de Valois (le scénario des 27 000 m2), soit un maintien de l’immeuble des Bons-Enfants tout en regroupant les sites Beaubourg-Saint-Cyr-Pyramides dans un lieu acheté ou loué (l’option des 6 000 m2). Ce deuxième choix déclencherait tout autant la polémique, puisqu’un des points de chute évoqué serait le quadrilatère des Archives nationales, rue des Francs-Bourgeois, où de l’espace est disponible depuis le départ d’une partie des Archives à Pierrefitte-sur-Seine en 2013. Cette éventualité est fermement combattue par les syndicats, pour qui le site des Archives nationales à Paris doit être l’objet d’une refonte complète dans le cadre des trois sites des Archives (Paris-Pierrefitte-Fontainebleau), « sans amputation de ses surfaces » dans un dossier déjà rendu bien assez explosif par la fermeture en urgence du site de Fontainebleau en mars 2014.
Pour la CFDT-Culture, il est encore possible d’améliorer l’agencement de l’immeuble des Bons-Enfants tout en se libérant du bail de Beaubourg, unanimement jugé par toutes les parties inadéquat et trop onéreux. La fin du bail est prévue pour mars 2017.

Le dilemme de l’immeuble des Bons-Enfants demeure : dans un avis rendu en 2014, le CIE estime que « compte tenu des coûts déjà engagés sur cet immeuble, (…) le ministère s’est lié à ce lieu en rendant désormais non pertinente toute hypothèse de relocalisation ou de cession, alors même que cet investissement du ministère était contestable », tout en déplorant « l’absence de toute recherche de nouvelle implantation plus fonctionnelle en périphérie de Paris, marquant un refus latent d’envisager une localisation de l’administration centrale en dehors du centre de la capitale ». D’ici la fin de l’année, la ministre Fleur Pellerin va devoir trancher ce nœud gordien.

Légende photo

L'immeuble des Bons Enfants, ministère de la culture et de la communication, Paris. © Photo : Emoc/G. Fessy.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°446 du 27 novembre 2015, avec le titre suivant : Le Meccano immobilier du ministère de la Culture

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