Culture : les régions ont aussi leurs forces

Il est vrai que, compte tenu de l’histoire de la France, les grands équipements sont très majoritairement dans la capitale et qu’ils mobilisent pour leur fonctionnement ou leur restauration une grande part du budget de la Rue de Valois. Combien précisément ? Eh bien, on ne sait pas, car curieusement, le ministère n’a jamais communiqué de chiffres globaux, estimant sans doute que ceux-ci seraient mal interprétés. Risquons une évaluation pour fixer les enjeux : entre 700 millions et 1 milliard d’euros du budget du ministère de la Culture (4,45 M€ en 2024) financeraient des structures ou des chantiers situés hors de la capitale.

Mais la culture, ce n’est pas que l’État. Une statistique récente, publiée dans les Chiffres clefs 2024 de la culture et de la communication, un ouvrage (également disponible sur le site du ministère) riche en données, révèle des chiffres attendus de longue date. Selon le service des études du ministère (DEPS), les dépenses culturelles des collectivités locales se sont élevées à 7,8 milliards en fonctionnement et 2 milliards en investissement pour l’année 2022 (la dernière année connue). Des chiffres en baisse de 4 % par rapport à 2019, mais sans doute plus élevés, car ils ne concernent que les villes de plus de 3 500 habitants.

Si l’on rapporte les budgets culturels au nombre d’habitants, ils sont sans appel : la France dépense dix fois moins par habitant en région qu’à Paris. Mais l’accès à la culture est-il dix fois moindre qu’à Paris ? Certainement dans les zones rurales, pas forcément dans les villes moyennes et, a fortiori, dans les métropoles où l’offre s’est considérablement accrue et professionnalisée sous l’égide d’une politique nationale de labellisation et de conventionnements. Que ce soit en matière d’équipements (médiathèques, musées, théâtres...) ou de programmation (expositions, spectacles...), les habitants des villes de province bénéficient désormais d’un large choix, offrant une expérience conviviale et familière, plus sensible qu’à Paris. Il y a même beaucoup plus de lieux de spectacles vivants labellisés – par habitant – en dehors de l’Île-de-France. Et on ne compte plus les festivals de musique, de cinéma, de théâtre. Le rapport annuel du DEPS dessine ainsi une cartographie culturelle plutôt positive pour la province.