Big bang territorial

Cette révolution administrative, si elle est adoptée, aura de nombreuses conséquences pour la culture. Ainsi, les musées et établissements culturels appartenant aux Départements seront transférés soit aux Régions, soit, plus probablement aux intercommunalités. Du Musée Matisse au Cateau-Cambrésis (Nord) au Musée d’art moderne de Céret (Pyrénées-Orientales), on en dénombre plus d’une cinquantaine dans le Palmarès des musées du JdA. Le problème, comme toujours dans ces opérations délicates, concernera le transfert des dotations budgétaires. La fusion des régions entraînera, elle, à terme, le regroupement des directions régionales des Affaires culturelles avec, à la clef, de nombreux problèmes de personnels, sans parler de l’épineux choix symbolique du siège de la Drac. Par exemple, dans l’hypothèse d’une fusion entre l’Alsace et la Lorraine, la Drac restera-t-elle à Metz ou bien à Strasbourg ?

Mêmes interrogations pour les Fonds régionaux d’art contemporain : leurs lieux de diffusion ne seront sans doute pas remis en cause, mais les structures, elles, pourraient être appelées à fusionner. Depuis quelques jours, le gouvernement laisse entendre qu’il veut accélérer le calendrier de cette réforme et la boucler avant la fin du quinquennat actuel. Cela promet de belles batailles politiques, de nombreux conseillers départementaux (anciens conseillers généraux) n’étant pas prêts à abandonner leur mandat. L’enjeu est considérable car l’amincissement du mille-feuille administratif français et le renforcement des régions sont une formidable opportunité pour inverser le centralisme parisien encore trop asséchant pour l’économie et la culture en régions.