Difficile de faire plus racoleur : complot, Léonard de Vinci et le slogan d’un goût douteux « comment Vladimir Poutine tient en laisse Donald Trump ».
Tous les mots-clés sont là pour aguicher le lecteur. D’autant que la « quatrième de couv », pas avare en superlatif, enfonce le clou. « Le thriller vrai de la plus incroyable des machinations […] Comment la vente, pour 450 millions de dollars, du Salvator Mundi a-t-elle scellé le pacte liant le locataire de la Maison Blanche au maître du Kremlin ? » Vous pensez être passé à côté d’un immense scandale, rassurez-vous, tout n’est que pure spéculation. La seule chose indiscutable dans ce livre, c’est son titre. Il adopte en effet les ficelles des théories du complot : approximations, hypothèses fumeuses et abus du conditionnel. De plus, les rares éléments étayés ne sont absolument pas des scoops, mais des faits déjà racontés ailleurs. Et mieux. La saga du tableau de Léonard a ainsi fait l’objet de plusieurs enquêtes plus approfondies. La peinture n’est guère qu’un prétexte pour parler de son précédent propriétaire, l’oligarque Dmitri Rybolovlev. Pour résumer à gros traits – mais l’auteur ne nous en voudra pas car il est adepte des raccourcis faciles –, le livre raconte comment le président américain aurait contracté une dette envers l’homme d’affaires russe quand celui-ci a acheté la Villa Trump au prix fort. Or l’historien avance que c’est en réalité le Kremlin qui est derrière cet achat providentiel afin que le président soit redevable auprès de la Russie. Pays hostile qui, en outre, aurait des dossiers compromettants sur lui et le ferait chanter depuis des décennies, voire l’aurait recruté comme source. Et le tableau dans tout ça ? L’hypothèse de l’auteur est que Trump, pour solder sa dette, s’est arrangé pour que MBS, le prince d’Arabie saoudite, acquière l’œuvre afin que Rybolovlev se débarrasse de cette peinture qu’il regrettait d’avoir achetée. Une conclusion invérifiable et bancale qui couronne 270 pages fastidieuses sur les arcanes de la corruption et la politique de Moscou.
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Une thèse complotiste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°787 du 1 juillet 2025, avec le titre suivant : Une thèse complotiste





