Une histoire du design 1940-1990

Narrative, sérieuse et exhaustive

Par Emmanuel Fessy · Le Journal des Arts

Le 1 novembre 1994 - 426 mots

Raymond Guidot publie une Histoire du design 1940-1949, ouvrage remarquable par son sérieux et sa documentation exhaustive, qui s’impose dans un domaine où la synthèse française est rare.

Né en 1934, ingénieur diplômé de l’École nationale supérieure des arts et métiers, collaborateur de Roger Tallon entre 1961 et 1969, co-commissaire de plusieurs expositions au Centre Pompidou – "Paris-Berlin", "Paris-Moscou", "les Réalismes", "Vienne", "Le Japon des avant-gardes" – enseignant à l’École nationale supérieure de création industrielle, Raymond Guidot était plus que qualifié pour s’attaquer à une histoire du design. Il l’a fait avec un sérieux et une précision extrêmes, en privilégiant les faits, l’analyse des mouvements ou celle des tendances à un simple panorama des prouesses des "stars" de la création.

Il étaye son propos sur une documentation exhaustive, et ne manque pas d’insister sur les techniques et les matériaux.

Quinze chapitres déroulent une histoire narrative traversant tous les pays – États-Unis, pays scandinaves, Allemagne, Italie, France, Japon… – et allant jusqu’à explorer le design immatériel. Bien que le titre du livre laisse croire qu’il prenne 1940 pour année de départ, l’auteur remonte aux décennies précédentes pour souligner l’importance des années vingt.

D’emblée, Raymond Guidot fournit une définition du mot design, qui viendrait pour certains du français "dessigner" ou "desseigner", signifiant à la fois montrer, indiquer, dessiner. Il oppose un usage, dérivé d’une définition anglo-saxonne, évoquant un certain état d’esprit, une manière d’aborder la "conception" d’un objet nouveau. Ainsi, l’auteur, qui est également sculpteur, comprend le design dans ses multiples formes d’expression et dans toutes ses implications, industrielles, économiques, technologiques, sociologiques ou culturelles. Tout se tient, de la boîte de cigarettes Lucky Strike à l’architecture, en passant par la mode.

Dans une partie intitulée "le design japonais sur le pied de guerre", il souligne l’efficacité d’un "design global". Il montre comment le design nippon a su devenir adulte "en fondant sa spécificité sur celle de l’industrie locale". "Le produit japonais passe très vite du stade de l’imitation à celui de pilote qui impose sa propre loi sur le marché international", constate-t-il.

Même s’il a adopté le parti pris de la rigueur, Raymond Guidot ne cache pas ses préférences – vers le Bauhaus, Alvar Aalto, Carlo Mollino et les Italiens – et ses rejets, les années cinquante en particulier, trop "exubérantes".

Plus de six cents illustrations enrichissent un ouvrage qui est complété par une bibliographie, 182 biographies de designers et d’architectes, un tableau synoptique des repères chronologiques, et un index.

Raymond Guidot, Histoire du design, 1940-1990, Éditions Hazan, 376 p., 600 ill., dont 300 en couleurs, 395 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°8 du 1 novembre 1994, avec le titre suivant : Une histoire du design 1940-1990

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