Livre

ESSAI

Une étude sur les polyptyques par Laurent Fabius

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 11 décembre 2022 - 331 mots

L’ancien Premier ministre livre un ouvrage fort savant sur les « tableaux pluriels ».

Laurent Fabius. © Francesca Mantovani / Éditions Gallimard
Laurent Fabius.
© Francesca Mantovani / Éditions Gallimard

On le sait peu, mais Laurent Fabius est aussi peintre. Et comme beaucoup d’artistes, il est confronté à un problème d’espace qu’il a résolu en peignant des polyptyques, ce qui lui a donné envie de creuser le sujet. On s’attendait à un livre ennuyeux dans lequel l’actuel président du Conseil constitutionnel raconte ce que lui inspirent ces tableaux et l’on découvre un véritable ouvrage d’histoire de l’art.

Laurent Fabius, Tableaux pluriels. © Éditions Gallimard
Laurent Fabius, Tableaux pluriels.
© Éditions Gallimard

Dans une première partie, il retrace la chronologie de ces polyptiques depuis les retables médiévaux jusqu’à l’art moderne, constatant leur quasi-éclipse aux XVIIe et XVIIIe siècles. Mais peut-on vraiment faire entrer dans la même catégorie le retable d’Issenheim où les panneaux sont reliés entre eux par des cadres en bois articulés et, par exemple, les ensembles décoratifs des Nabis, grands amateurs de ces « tableaux pluriels » comme l’auteur voudrait qu’on nomme les uns et les autres, une façon d’élargir le genre ? Sur un plan technique, on ne peut que lui donner raison : ce sont des panneaux disjoints que l’artiste a réalisés comme une seule œuvre et le fait qu’ils ne soient pas assemblés dans un cadre ne change rien à l’affaire.

Cet obstacle levé, l’auteur se lance dans une tentative de catégorisation des innombrables « tableaux pluriels » que les artistes contemporains ont produits, que ce soient les triptyques de Francis Bacon, les assemblages de David Hockney ou les compositions d’« outrenoir » de Pierre Soulages. Il relève l’influence du cinéma dans les tableaux des peintres de la Figuration narrative (Jacques Monory) et s’interroge avec justesse sur l’effet produit par l’espace entre les panneaux.

Laurent Fabius a manifestement lu beaucoup d’ouvrages (même si le sujet a peu été étudié, souligne-t-il) et regardé attentivement les œuvres. L’écriture est précise sans être jargonnante, le livre est parsemé d’illustrations (qu’il aurait été préférable de représenter verticalement pour mieux voir les œuvres) et traverse toute l’histoire de l’art. Il vaut à bien des égards de nombreux ouvrages de spécialistes.

Laurent Fabius, Tableaux pluriels. Voyage parmi les polyptyques d’hier et d’aujourd’hui,
Gallimard, 2022, 260 pages, 28 euros.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°600 du 2 décembre 2022, avec le titre suivant : Une étude sur les polyptyques par Laurent Fabius

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