Livre

Laurent Fabius, Le Cabinet des douze. Regards sur des tableaux qui font la France

Par Jean-Christophe Castelain · L'ŒIL

Le 1 octobre 2010 - 416 mots

Essai. Il y avait le Gombrich, le Thuillier, le Lemoine : devra-t-on aussi parler du manuel d’histoire de l’art de Laurent Fabius ?

Porté par le succès du festival Normandie impressionniste, le député de Seine-Maritime présente dans un nouveau livre « douze œuvres qui ont contribué à faire la France » : douze dessins ou tableaux dont l’image a façonné la représentation que l’on se fait de la France, dans l’Hexagone mais aussi à l’étranger : Le Serment du Jeu de paume de David, une cathédrale de Monet, un Picasso… Plus que douze œuvres, ce sont douze thèmes, le peuple, la France parlementaire ou l’insouciance, que Laurent Fabius examine en s’appuyant sur de nombreuses œuvres, conférant ainsi à l’ouvrage une vocation pédagogique.

On aurait pu croire que l’ancien Premier ministre aurait produit un essai politique prenant comme point de départ l’iconographie de ces œuvres. Pas du tout, l’héritier d’une lignée de marchands d’art, autodidacte en art et amateur passionné, nous livre son propre regard sur l’histoire de l’art en France depuis le XVIIe siècle, avec une préférence pour leXIXe, comme il le révélait dans un récent entretien qu’il a accordé à L’œil [n° 621]. Par construction, et par goût personnel, la peinture figurative est privilégiée, même si l’auteur pousse l’audace jusqu’à Soulages et Tintin.

Alors bien sûr, le « manuel Fabius » n’est pas exempt de quelques inexactitudes et oublis. Il fait ainsi l’impasse sur le naturalisme au XIXe. On pourra également lui reprocher ses affirmations un peu définitives (« L’un des rares peintres de l’époque à… » ou « Il consacre l’entrée de la ville dans la peinture… »), que les historiens évitent comme la peste, conscients que de nouvelles découvertes peuvent toujours remettre en cause leur théorie.

Mais c’est ce qui fait l’intérêt du livre. On apprécie la fraîcheur du style, un vocabulaire non jargonnant, des analyses simples. Laurent Fabius ose parler de « mode » et de « style ». Il emploie à plusieurs reprises le « je », soulignant ainsi une certaine subjectivité. Pourtant, il s’efforce de produire un ouvrage pérenne, les descriptions d’œuvres sont bien senties et les analyses souvent pertinentes. Il ne faut d’ailleurs pas chercher d’allusion à la vie politique ni la moindre critique. On trouvera tout au plus un couplet obligé sur les difficultés de l’art français à l’étranger. L’auteur veut délibérément ranger son livre dans le rayon art.

Laurent Fabius, Le Cabinet des douze. Regards sur des tableaux qui font la France, Gallimard, 210 p., 22,50 €.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°628 du 1 octobre 2010, avec le titre suivant : Laurent Fabius, <em>Le Cabinet des douze. Regards sur des tableaux qui font la France</em>

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