Théâtre - Ils ont porté le jeu masqué à des sommets d’expressivité, faisant d’un outil traditionnel du théâtre populaire hérité de la commedia dell’arte l’artisan d’un renouveau formel, source de jeu et d’outrance.
Le Munstrum Théâtre s’est emparé de la pièce monstre de William Shakespeare dans un geste épique époustouflant pour la télescoper avec son univers sanglant qui fait se rencontrer le Grand Guignol et le grotesque avec un panache sans commune mesure. Tous les ingrédients identitaires de la compagnie sont là, des masques aux prothèses physiques et vestimentaires, agrémentés de ce goût pour l’humour et l’extrême qui s’immisce partout. L’esthétique flamboyante et reconnaissable du Munstrum, entre le sublime et le clown, est ici mise au service de l’intrigue de cette tragédie horrifique où le sang appelle le sang et l’attrait du pouvoir jamais rassasié.Makbeth est une hécatombe, un cercle vicieux qui ne prend fin que dans le carnage général et les ténèbres du mal. La mise en scène est somptueuse, elle enchaîne des tableaux vivants d’une beauté fatale, depuis cette scène de guerre inaugurale jusqu’aux acrobaties d’un bouffon d’exception, en passant par les meurtres à la chaîne qui varient leur mode opératoire. Entre la farce et l’horreur, le rire et l’effroi, la troupe plonge à corps perdu dans la violence et les enjeux de la pièce, retraduite et adaptée à la sauce Munstrum, et livre un spectacle aussi palpitant qu’il est terrifiant et drôle, une réflexion toujours d’actualité sur les ravages du pouvoir et l’absurdité des guerres. Dans des costumes d’une inventivité folle, cernés par une atmosphère mortifère poisseuse et pénétrante, les interprètes donnent à leurs personnages toute la décadence nécessaire, la folie en furie et côtoient les entrailles les plus obscures de la condition humaine. Pour que du chaos naisse autre chose. De la lumière peut-être. De l’espoir, sûrement.
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Monstres humains
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°790 du 1 novembre 2025, avec le titre suivant : Monstres humains





