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Malcolm Morley : Itinéraires

L'ŒIL

Le 1 septembre 2002 - 271 mots

Malcolm Morley est l’un de ces peintres dont l’œuvre a toujours résisté à la consécration, fuyant un style dès que celui-ci attire la reconnaissance et les émules : ce fut le cas du « réalisme photographique », appellation qu’il rejette à juste titre pour celle de superréalisme, plus fidèle à l’ambiguïté du dernier Malevitch dont il se réclame. Aux prises avec les liens qui se tissent entre inconscient, mémoire et histoire, Morley œuvre constamment dans le déplacement et le glissement. C’est la grande finesse du livre de Jean-Claude Lebensztejn que de dévoiler ce moteur essentiel de sa peinture, en superposant, à la manière d’une enquête policière, ses entretiens privés avec Morley, la mythologie personnelle de l’artiste, et l’étude pointue des œuvres, de leurs procédés techniques et formels, de leurs sources d’inspiration et, enfin, de leur réception critique.
Dès les années 70, Morley a inauguré avec le thème des « catastrophes » un sabotage de sa propre peinture, et il continue d’opposer des œuvres violentes et « indigestes » aux stratégies de récupération du monde de l’art. Pour Lebensztejn, la peinture tout entière de Morley relève de l’accident, elle a « quelque chose de tordu », qui accuse les absurdités mêmes du monde contemporain. L’historien jette des ponts entre Morley et les grands destructeurs de la peinture moderne : Cézanne, Picasso, Malevitch, et jusqu’au romantisme de Géricault, tout en suggérant avec justesse les jeux d’influences et de coïncidences qui le rapprochent et le démarquent de ses contemporains, de Jackson Pollock à Chuck Close et Brice Marden.

- Jean-Claude Lebensztejn, Malcolm Morley : Itinéraires, éd. du MAMCO, Genève, 2002, 263 p., 232 ill.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°539 du 1 septembre 2002, avec le titre suivant : Malcolm Morley : Itinéraires

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