Danse & Théâtre

Échappée musicale

Lindy hop : il faut s’amuser !

Par Laure Albernhe · L'ŒIL

Le 23 septembre 2025 - 377 mots

Résonant avec notre dossier (lire p. 44), cette danse joyeuse et sautillante inventée dans les années 1920 a, sans doute, transmis une énergie inspirant encore les chorégraphes d’aujourd’hui.

C’est là que le Lindy hop, danse joyeuse découverte tardivement en France avec le film Hellzapoppin’ de H. C. Potter (1941), est né : au club Savoy Ballroom, le « cœur battant de Harlem », selon le poète Langston Hughes (1901-1967), figure majeure du mouvement artistique la Renaissance de Harlem. Il y avait, en termes d’esthétique, cette chose énorme qui débarquait d’Europe en paquebot : ce bon vieux centenaire d’Art déco. Et c’était si beau, cette immense salle (presque 1 000 m2 entièrement dévolus à la joie), ce grand parquet entretenu chaque jour pour permettre les plus belles glissades, ces murs roses, ces sièges bleus, ce grand escalier en marbre blanc, c’était si classe… Le vœu de ses créateurs, en 1926, c’était d’en faire un endroit élégant et festif, mais aussi – c’est important –, un espace ouvert à tous, Noirs, Blancs, femmes, hommes, jeunes, vieux… (les autres clubs étaient ségrégués, à l’instar du célèbre Cotton Club, où les seules personnes noires acceptées étaient celles qui jouaient de la musique sur scène). Un seul critère dominait : il fallait s’amuser. Et ça a très bien marché. Chaque soir, jusqu’à plus de 4 000 personnes (on ne compte pas les centaines qui restaient à la porte) se réunissaient pour danser au son du swing des grands orchestres dont c’était alors l’unique et louable vocation : faire danser le public et sautiller les happy feet, les pieds joyeux. D’ailleurs, ça a donné une expression, à partir du verbe to stamp, « trépigner, taper des pieds » en anglais : c’est devenu le stompin, présent dans plusieurs titres de standards et, en particulier, celui qui a été créé à la gloire du Savoy, « Stompin’ At The Savoy ». On l’a en tête, avec la voix de la jeune Ella Fitzgerald, qui chantait là avec l’orchestre maison de Chick Webb. Le batteur bossu, maître des lieux, se laissait parfois défier par d’autres chefs d’orchestre, comme Benny Goodman ou Count Basie. Sur l’estrade suffisamment spacieuse pour accueillir deux big bands, avaient alors lieu d’enthousiasmantes battles, pour le plus grand plaisir des danseurs. « Savoy, gives happy feet a chance to dance »…

« Les Matins Jazz »
sur TSF Jazz, du lundi au vendredi, de 6 h à 9 h 30, www.tsfjazz.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°789 du 1 octobre 2025, avec le titre suivant : Lindy hop : il faut s’amuser !

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