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« L’action de Pavlenski, de l’art ? », par Fabien Simode sur TSF Jazz 

Par L'Œil · lejournaldesarts.fr

Le 16 mars 2020 - 683 mots

PARIS

Chaque jeudi, à 8 h 15 et 8 h 45, « Les Matins Jazz », l’émission de Laure Albernhe et Mathieu Beaudou, invitent L’Œil et Le Journal des Arts à parler d’art sur l’antenne de TSF Jazz. Le 27 février 2020, Fabien Simode, rédacteur en chef de L’Œil, revenait sur le cas Piotr Pavlensky.

Piotr Pavlenski
Piotr Pavlenski, après s'être coupé un bout d'oreille en 2014

Chronique à réécouter ici dans son intégralité ou à lire ci-après :

J’ai choisi de vous parler ce matin de Piotr Pavlenski, l’homme qui a fait chuter Benjamin Griveaux à la candidature de Paris, car celui-ci est un… artiste. Si si, un artiste qui a étudié dans une école d’art et s’est même fait une petite notoriété dans le milieu en réalisant des actions-performances contre le pouvoir russe. Son fait d’armes remonte à 2013, lorsque Pavlensky s’est cloué le scrotum sur la place Rouge à Moscou pour dénoncer l’immobilisme de ses compatriotes russes. Mais ma préférence va à une autre action, lors de laquelle Pavlenski s’est enroulé nu dans du fil de fer barbelé devant l’assemblée législative de Saint-Pétersbourg. Intitulée Carcasse, cette performance dénonçait le système répressif russe. Un comble pour les forces de l’ordre qui ont dû désincarcérer l’artiste en faisant attention ne pas le blesser…  

S’agissant d’actions politiques, peut-on vraiment parler d’art ? 

Oui, dans la mesure où Pavlenski s’inscrit dans une tradition d’œuvres ou de performances politiques et contestataires. Prenez Le Radeau de la Méduse, de Géricault : ce grand tableau du Louvre, peint en 1818, raconte l’histoire du naufrage d’une frégate survenu deux ans plus tôt et qui avait entraîné la mort de 160 marins, dont 147 abandonnés sur un radeau de fortune. En cela, Le Radeau de la méduse est un tableau politique. Plus récemment, en 1997, Marina Abramovic s’est installée sur un tas d’os de bœuf sanguinolent qu’elle a nettoyé soigneusement à l’aide d’une brosse. À travers cette performance, intitulée Balkan Baroque, l’artiste Serbe dénonçait les massacres commis en Yougoslavie. Là encore, il s’agit d’un art politique et contestataire. 

Mais en publiant des vidéos intimes d’un candidat, peut-on toujours parler d’art, même politique ?  

Piotr Pavlenski pense, lui, que c’est de l’art, contrairement à moi. En publiant ces vidéos, l’artiste commet à mon sens trois erreurs. D’abord, il ne met plus en scène son propre corps, mais celui d’un autre ; ce qui est pourtant la condition première de ce que l’on appelle l’art actionniste. Deuxièmement, en s’en prenant à un candidat, et non plus à un système, Pavlenski bascule dans le militantisme politique. Il quitte le champ universel de l’art pour celui du règlement de compte. Enfin, l’art se marie mal, aujourd’hui, à la morale. Il est au contraire considéré comme un outil de liberté voire de transgression. Or, Pavlenski tombe dans la leçon de morale. Voilà pourquoi je pense que, cette fois, Pavlenski a commis une mauvaise action. Au sens propre, comme au sens figuré. 

Fabien Simode

 

A écouter aussi la chronique sur le record de fréquentation de l'exposition Léonard de Vinci et sur l'annonce de la découverte de la tombe de Romulu ou à lire ci-après :

D’abord un chiffre : 1,1 million de visiteurs pour l’exposition Léonard de Vinci au Louvre. Le précédent record du Louvre était fixé à un peu plus 500 000 visiteurs pour l’exposition Delacroix en 2018, soit moitié moins. Léonard entre donc aujourd’hui dans le Top 5 des expositions les plus visitées en France, avec Toutankhamon – qui avait enregistré 1,4 millions de visiteurs à la villette en 2019 – et celle de la collection Chtchoukine – qui avait, elle, séduit 1,2 millions de visiteurs en 2016.

Une découverte archéologie
Les archéologues ont révélé avoir découvert la tombe de Romulus, le roi fondateur de Rome, en l’an 753 avant notre ère. Mais cette découverte, qualifiée d’« exceptionnelle », divise. Si le tombeau retrouvé sur le Forum romain appartient bien à quelqu’un d’important, les historiens ne sont pas tous d’accord pour reconnaître l’existence de Romulus, pas plus que celle de Remus, le jumeau de Romulus, qui aurait été allaité par une louve. Bref, Romulus ou pas, cette découverte promet de beaux débats historiques en pespective.

Le conseil exposition pour le week-end :
« Boltanski » au Centre Pompidou.

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