Bouleversés par les clairs-obscurs de Rembrandt, les héros du film de Pierre Schoeller, scientifiques dans le nucléaire, tentent d’alerter sur le désastre du réchauffement climatique.

Lorsqu’on rencontre Pierre Schoeller (né en 1961), à quelques semaines de la sortie de son Rembrandt, le réalisateur cherche encore les mots pour décrire ou expliquer l’étrange phénomène de sédimentation qui forme son nouveau film. Rembrandt est l’un des films les plus énigmatiques que l’on puisse voir et, certainement, pour peu que l’on se laisse emporter dans son labyrinthe, l’un des plus stimulants de l’année.
« Je dirais que tout a commencé à la National Gallery, se souvient le cinéaste. Précisément dans la salle 22. » Il y a plusieurs années de cela, Pierre Schoeller se trouvait à Londres où il présentait Un peuple et son roi. Entre deux rendez-vous, il tomba en arrêt devant trois Rembrandt : « Ils étaient encore exposés côte à côte et j’ai été comme saisi… ». C’est ce sentiment indéfinissable qu’il reproduit au début de son film : Claire (Camille Cottin) ne parvient pas à se détacher de ces œuvres, particulièrement du Vieil homme dans son fauteuil. Ingénieure dans le nucléaire, tout comme son mari Yves (Romain Duris), cette rencontre avec Rembrandt va bouleverser ses certitudes. De retour à Paris, Claire commence à envisager son métier différemment et à s’interroger sur les effets des technologies et leurs possibles catastrophes écologiques…

Contrairement à ce que son titre pourrait laisser croire, Rembrandt n’est donc pas un biopic. Il ne retrace pas la vie d’un peintre mais les étonnants échos de son œuvre. Autour du nom d’un génie du XVIIe siècle se greffent des interrogations cruciales des temps présent et futur. Pierre Schoeller filme une époque arrosée d’électricité, de technologies et d’énergie où nous pouvons encore apprendre de l’obscurité. « Je tenais au titre, poursuit-il. Or, dans un film qui s’appelle Rembrandt, la lumière devient forcément un enjeu important. Naturellement, avec le chef opérateur Nicolas Loir, nous avons beaucoup travaillé les clairs-obscurs. Néanmoins, Claire vit dans un monde contemporain et je ne voulais pas que tout soit baigné par la lumière de Rembrandt. Le film reste, disons, habité par sa palette. » C’est dans sa dernière partie, juste avant son épilogue, que Schoeller explore le plus noir de la nuit. Mais ce monde privé d’électricité s’avère être une impasse. Finalement, nous ne savons pas vivre loin du jour. Dans ses tout derniers plans, apaisés et optimistes, Rembrandt conclut que la lumière reste un bien précieux, à partager, à préserver et aussi, à réinventer.

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La palette habitée de Rembrandt
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°789 du 1 octobre 2025, avec le titre suivant : La palette habitée de Rembrandt





