Foire & Salon

Frieze

Tout pour le contemporain

Par Louisa Buck · Le Journal des Arts

Le 7 novembre 2003 - 600 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Le nouveau salon d’art contemporain de Londres a été marqué par un enthousiasme collectif.

LONDRES - La première édition de Frieze Art Fair, la nouvelle foire internationale d’art contemporain de Londres, était attendue au tournant. Dans un climat résolument festif, les éclairages incandescents du baldaquin de l’entrée du pavillon, créés par David Adjaye, faisaient écho au tapis rouge sur lequel se pressaient des hordes de conservateurs, collectionneurs et célébrités. L’effervescence à Regent’s Park était telle que l’attente pour accéder au Saint des Saints a parfois été longue. Malgré un vernissage encombré, les 125 galeries présentes se sont montrées à la hauteur de l’événement. Les œuvres et les stands d’une grande qualité ont laissé plus d’un visiteur remarquer qu’il s’agissait « plus d’une exposition que d’une foire ». Foin d’esthétisme, qu’en est-il des ventes ? Avant de devenir un véritable rendez-vous londonien, Frieze Art Fair se devait d’être à la fois un succès commercial et culturel. Les collectionneurs qui avaient répondu à l’appel ont-ils trouvé l’inspiration ? La réponse est oui, d’après la multitude de galeries interrogées le premier jour d’ouverture au public. Glenn Scott Wright, directeur de la galerie londonienne Victoria Miro, qui représente Peter Doig, Chris Ofili et Doug Aitken, est plus qu’enthousiaste : « Le vernissage était encore plus fréquenté que celui de Bâle ou de l’Armory Show à New York. La seule fois où j’ai vu une telle concentration de collectionneurs, de directeurs de musée et de conservateurs, c’était à l’ouverture de la Tate Modern. Nous avons vendu plus d’une trentaine d’œuvres le premier jour – celles accrochées au mur, rangées dans les réserves ou encore  celles visibles sur Ektachrome ; c’était stupéfiant ! » Tandis que Scott Wright admet avoir éprouvé une certaine appréhension face à l’indigence du marché local, il a été rassuré par la capacité des organisateurs à attirer les « poids lourds » internationaux.
Robin Vousden, directeur de la Marian Goodman Gallery de New York, confirme : « La seule concentration comparable d’acheteurs se trouve à Bâle. » Il nous a également confié que les affaires allaient bon train pour des artistes tels que Christian Boltanski, Thierry de Cordier et Gerhard Richter, dont les œuvres se sont vendues entre 10 000 et 250 000 dollars (de 8 470 euros à 211 743 euros) : « Nous avons fait de très bonnes ventes et nous sommes confiants dans l’avenir. L’organisation était excellente. »
Même son de cloche du côté d’Alexandra Molloff, de la galerie White Cube à Londres : « Le profil est bien plus international qu’à Art Miami Basel Beach, avec une foule de collectionneurs venant de Belgique, d’Italie, d’Allemagne, de France, du Royaume-Uni et des États-Unis. » Les œuvres proposées par White Cube démarraient à 5 000 livres sterling (7 159 euros, avec les photographies de Darren Almond) pour atteindre jusqu’à 58 000 livres (83 000 euros, un exemplaire de l’armoire à médicaments de Damien Hirst), sans oublier les 150 000 livres (214 800 euros) pour une grande sculpture d’Anthony Gormley. Engouement partagé par Mari Spirito, directrice de 303 Gallery à New York, dont l’élégant stand, entièrement consacré aux peintures de Karen Kilimnik, a fait fureur.
Si certains ont eu à déplorer quelques problèmes techniques ou d’organisation, Nathalie Obadia, de Paris, estime que « Frieze est une foire qui va faire sa place ». Elle souligne en effet un « melting-pot mais sans une rigidité à l’américaine. La foire propose des artistes établis parce qu’y participer coûte cher, environ le double de la FIAC ». Frieze a été « une très bonne expérience. Nous reviendrons l’année prochaine », a conclu Mari Spirito.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°180 du 7 novembre 2003, avec le titre suivant : Tout pour le contemporain

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