Berlin et Londres misent sur les générations émergentes

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 octobre 2003 - 672 mots

Hasard ou coïncidences, la foire berlinoise et sa consœur londonienne portent toutes deux des noms de magazines d’art contemporain. Si à Berlin, Art se détache de Forum et se distingue ainsi de la vénérable revue américaine, le Frieze de Londres renvoie directement au mensuel éponyme, instigateur de ce nouvel événement. Alors que la capitale anglaise jouit depuis plus d’une décennie du rôle de plaque tournante sur le marché et aussi de vivier de l’art contemporain international, elle ne cristallise pas cette énergie et son dynamisme dans un paroxysme culturel. Les foires poussant aussi vite que les biennales, il était donc logique que la ville « s’équipe » et s’inscrive dans le parcours des collectionneurs globe-trotters. Pour cette première édition totalement consacrée à la création contemporaine, Frieze a mis les petits plats dans les grands. Elle a fait appel à l’architecte David Adjaye et à l’artiste Chris Ofili (partenaires à la récente Biennale de Venise pour le pavillon de la Grande-Bretagne) pour concevoir une grande structure temporaire installée dans Regent’s Park, passé pléthores de commandes à des artistes internationaux branchés pour agrémenter le parcours. On croise pêle-mêle les noms de Paola Pivi, gelatin, Jeremy Deller et Liam Gillick tandis que le programme des conférences quotidiennes s’allonge au fur et à mesure que les artistes, commissaires d’exposition et critiques d’art répondent présents. Quant à l’inévitable section statistique inhérente à ce genre de manifestation, Frieze rassemble pas moins de 124 galeries, offrant une quasi-parité entre les maisons londoniennes, américaines et allemandes. De White Cube à Lisson et Frith Street pour Londres à Deitch Project, Gagosian, Mathew Marks, Luhring Augustine pour New York, on voit à peine les rares galeries françaises . Sur les cinq sélectionnées par un comité composé de Sadie Coles, Toby Webster et Maureen Paley (Grande-Bretagne), Gavin Brown et Jeanne Greenberg Rohatyn (États-Unis), Martin Klosterfelde (Allemagne), et Eva Presenhuber (Suisse), trois siègent rue Louise Weiss, le quartier de l’art hype à Paris. Nathalie Obadia et Chantal Crousel viennent compléter le petit trust du XIIIe arrondissement parisien d’Air de Paris, Art-Concept et Praz-Delavallade. La présence française se fait plus discrète encore sur le terrain berlinois. Pour sa huitième édition l’autre foire allemande, qui s’est voulue un temps concurrente de Cologne, affiche davantage de modestie. Après une édition remarquée en 2000, Art Forum a perdu un peu de son attrait. Si l’an passé elle avait attiré 154 galeries, germaniques pour plus de la moitié, la cuvée 2003 s’annonce moins dense avec à peine une centaine d’élues. Toutes les grandes galeries de la ville sont bien entendu présentes, Arndt & Partner, Neu, Neugeriemschneider, Barbara Thumm, Eigen Art mais peu de représentants du marché de Cologne et Düsseldorf comme CAMPAÑA, Sies Höke et Andreas Brüning. Quant aux galeries hollandaises – Art Affairs, Ellen de Bruijne, MKgalerie.nl, VOUS ÊTES ICI – et nordiques comme celles de Mikael Andersen, Anhava, Asbaek, Bo Bjerggaard, Flach, Taik, Wetterling, elles constituent un des atouts majeurs de cette petite foire qui mise elle aussi sur l’art contemporain. Valérie Cueto et Frank de Paris ainsi que Sollertis de Toulouse attendent de pied ferme les visiteurs. Ils étaient 25 000 l’an dernier, les journalistes plus de 1 000 et, si on prend en compte le marché virtuel que met en place Art Forum, il y a fort à parier que la modestie du nombre de stands ne sera qu’un leurre. Guidé par une hôtesse virtuelle, le gentil collectionneur pourra préparer sa visite dans son fauteuil et aller ainsi à l’essentiel, sans négliger un nombre impressionnant d’expositions qui fleurissent pour l’occasion dans Berlin. Mais autant de foires en un seul mois, et autant d’espoirs fondés sur l’énergie de la scène artistique contemporaine, n’est-ce pas un peu trop ? Et laquelle choisir ? Difficile de faire des pronostics, le sort des foires n’est jamais scellé à l’avance, mais le battage qui accompagne Frieze et la vitalité qui caractérise les premières fois, laissent vraisemblablement présager une bonne expérience.

Art Forum, BERLIN, parc des expositions, entrée 19, 1er-5 octobre, www.art-forum-berlin.com Frieze Art Fair, LONDRES, Regent’s Park, 17-20 octobre, www.friezeartfair.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°551 du 1 octobre 2003, avec le titre suivant : Berlin et Londres misent sur les générations émergentes

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