Pays-Bas - Foire & Salon

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Tefaf, une édition profitable

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 28 mars 2023 - 741 mots

Venus en nombre, collectionneurs et musées ont fait leur marché parmi les plus belles pièces de l’année.

Maastricht (Pays-Bas). Le monde de l’art s’est précipité pour visiter The European Fine Art Foundation (Tefaf) de Maastricht, qui, après neuf jours d’exposition, a refermé ses portes le 19 mars. Riche en chefs-d’œuvre cette année, la foire néerlandaise a attiré plus de 50 000 visiteurs, dont 250 musées et institutions américains et européens, signe que les affaires ont réellement repris.

Si les clients étaient essentiellement européens et américains (plus nombreux du côté des institutionnels), beaucoup de clients français n’ont pas pris le risque de se déplacer en raison des grèves qui ont affecté les transports. « Ils m’ont manqué », a confié le galeriste parisien Xavier Eeckhout, qui a cependant bien vendu.

De belles ventes d’art ancien

Les ventes ne se sont donc pas fait attendre, surtout les trois premiers jours, « qui étaient incroyables » a souligné Jean-Christophe Charbonnier (Paris) qui a encore bien plu avec ses armures japonaises. Les transactions dans les sections d’art ancien ont été plus dynamiques que dans celles du secteur d’art moderne et contemporain – plus calme également du point de vue des visites –, tandis que les marchands d’arts premiers et de design étaient déçus dans l’ensemble.

En peinture ancienne, les œuvres étaient de haut niveau. Mention spéciale au stand de Rob Smeets (Genève), qui avait choisi d’accrocher peu de tableaux mais des pièces fortes, à l’instar d’une Immaculée Conception d’Alonso Cano (vers 1628) et Judith et la Tête d’Holopherne de Francesco Cairo (1638). Chez Benappi Fine Art (Londres), c’est un puissant tableau caravagesque de Bartolomeo Manfredi, Le Couronnement d’épines (vers 1615) qui a retenu toute l’attention (4 M€). Trinity Fine Art (Londres) a rapidement vendu à un Américain sa pièce maîtresse, Portrait d’un érudit assis tenant un livre, du Tintoret ; Artur Ramon (Barcelone) a cédé son tableau phare Girls on the Beach de Joaquin Sorolla, 1906 (2,7 M€), Colnaghi (Londres, Madrid, New York) s’est séparé de son Portrait d’une jeune fille portant un col à fraise blanc, d’Allonso Sánchez Coello (plus de 1 M€).

Du côté des objets d’art, Steinitz (Paris) a trouvé preneur pour un bureau Louis XVI à huit pieds de Jean-François Leleu, de la collection de la Duchesse d’Otrante (autour de 2 M€) ; Stuart Lochhead (Londres) a vendu son Lion dévorant une biche de Barthélemy Prieur, XVIe siècle (autour de 1,5 M€), tandis que la galerie Wildenstein (New York) s’est délestée de deux sculptures formant paire, Le Baiser donné, de Jean-Antoine Houdon et Le Baiser rendu, de Joseph-Charles Marin, son élève (autour de 4 M€). Dès le premier jour, la galerie Chenel (Paris) a vendu sa pièce maîtresse, un Torse de Vénus en marbre, travail romain du IIe siècle (au-dessus de 1 M€).

L’intérêt manifeste des musées

Musées et institutions ont également été très acheteurs : un guéridon de Pietro Bigaglia en mosaïques, marqueterie de pierres dures et aventurine (un peu moins de 1 M€) a été réservé par un grand musée américain chez Christophe de Quénetain (Londres, Paris) ; Autel jaune de Maurice Denis (1889) a été acquis par le Musée de Boston (Agnews, Londres) ; un buste du Baron Schmiedel, bouffon à la cour de Dresde, en porcelaine de Meissen (modèle de Johann Joachim Kaendler) – « un objet “Tefaf” par excellence », a précisé l’antiquaire parisienne Laura Kugel – a été réservé par un musée américain de la côte est. Chez Oscar Graf (Paris, Londres), c’est une gracile chaise de Carlo Zen, vers 1902, qui a été achetée dès l’ouverture par une institution, tandis que sa pièce phare, un paravent divisionniste de Giuseppe Viner (1906) était réservé par un grand musée américain.

Il n’y a qu’à Tefaf que le visiteur découvre autant d’œuvres de qualité muséale au mètre carré, démontrant à quel point les exposants privilégient la manifestation : un portrait peint par Frans Hals chez le new-yorkais Adam Williams (5,6 M€) ; La Vierge à l’écharpe, de Bartolomé Esteban Murillo, un temps propriété de Louis-Philippe chez Colnaghi (12 M€) ; La Corde sensible, de René Magritte chez Landau, Paris (33 M€) ou encore un majestueux Bodhisattva tibétain, vers 1000, en alliage de cuivre, issue de la collection George Ortiz chez Rossi & Rossi, Hongkong et Londres (10 M€). Cependant, même si ces œuvres ont suscité beaucoup d’intérêt, elles sont encore disponibles : « Les acheteurs potentiels prennent le temps de la réflexion, ce qui n’est pas possible en ventes aux enchères », explique un exposant.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°608 du 31 mars 2023, avec le titre suivant : Tefaf, une édition profitable

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