Pays-Bas - Foire & Salon

Spécial Tefaf 2023

Les Trésors de la Tefaf

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 9 mars 2023 - 1363 mots

MAASTRICHT / PAYS-BAS

Tefaf Maastricht, la plus grande foire généraliste d’art ancien et d’antiquités, est un rendez-vous que les marchands attendent avec impatience, prêts à exposer leurs plus belles pièces, parfois inédites. Chaque secteur réserve son lot de surprises avec des œuvres dépassant souvent le million d’euros. En voici une sélection. 

Joseph Baumhauer et Philippe Caffieri, Meuble coquiller à hauteur d'appui, époque Louis XV, vers 1758, chêne, ébène, bronze, laiton, marbre, 94 x 161 x 49 cm. © Galerie Steinlitz
Joseph Baumhauer et Philippe Caffieri, Meuble coquiller à hauteur d'appui, époque Louis XV, vers 1758, chêne, ébène, bronze, laiton, marbre, 94 x 161 x 49 cm.
© Galerie Steinlitz

Archéologie
Princesse de Bactriane, chlorite et calcite, civilisation de l’Oxus, 
vers 2200-1900 av. J.-C. H. 10,5 cm. Galerie Kevorkian, Paris.
Prix proposé : entre 100 000 et 200 000 €
Le complexe archéologique bactro-margien, où s’est établie la civilisation de l’Oxus, correspond au Turkménistan moderne, à l’Ouzbékistan et au nord de l’Afghanistan. Région prospère à la fin du IIIe millénaire, elle est à l’origine d’une production de petites statuettes féminines appelées communément « princesses de Bactriane », figurines composites constituées de plusieurs parties amovibles, ici la tête. L’origine de ces sculptures d’une grande modernité formelle n’a pas été encore déterminée : image funéraire ou représentation de déesses ?

Ivoire du XVIIe siècle
Hans Jacob Erhart, L’Olifant Rothschild, Strasbourg, vers 1645. H. 51 cm. Kunstkammer Georg Laue, Munich et Londres.
Prix proposé au-dessus de 500 000 €
Avec cet olifant minutieusement sculpté, provenant de la collection de la baronne Thérèse de Rothschild, la galerie ne faillit pas à sa réputation de cabinet de curiosités. À décor d’animaux entrelacés et de créatures mystiques, en ivoire monté sur une monture en argent doré, l’olifant – amovible de son socle – peut servir de cor de chasse. L’objet est si raffiné qu’il pourrait avoir été réalisé pour une clientèle princière. Présentée au public pour la première fois à Maastricht, l’œuvre est accompagnée d’une riche publication.

Peinture de l’Âge d’or hollandais
Willem Claeszoon Heda (1594-1680), Nature morte avec un römer de vin blanc, un couteau monté en vermeil, une montre 
en laiton doré avec un ruban bleu et des assiettes en étain avec des olives et un citron pelé sur un rebord
, 1629, huile sur toile. 33,7 x 55,2 cm. Richard Green, Londres.
Prix proposé au-delà de 1,6 million d’euros
Willem Claeszoon. Heda fait partie des plus célèbres peintres néerlandais de natures mortes du XVIIe siècle. Avec Pieter Claesz, il est considéré comme l’un des principaux représentants du « bankeje monochrome » (banquet monochrome), caractérisé par une palette discrète, quasiment monochromatique (bruns, gris, argentés) qui a rencontré un vif succès dans la seconde moitié du XVIIe. Dans ses œuvres, d’une grande précision, il excellait dans le rendu des reflets et des textures, qui, pour lui, étaient le principal sujet.

Willem Claeszoon Heda (1593/94-1680/82), Nature morte avec un Römer de vin blanc, 1629, huile sur toile. 33 x 55 cm. © Richard Green, Londres
Willem Claeszoon Heda (1593/94-1680/82), Nature morte avec un Römer de vin blanc, 1629, huile sur toile. 33 x 55 cm.
© Richard Green, Londres

Scène de genre du XVIIe siècle
Quiringh van Brekelenkam (1622-1669), Le Maître d’école, 1664. 32 x 26,5 cm. Bijl-Van Urk B.V., Pays-Bas
Prix proposé 450 000 €
Bien que Quiringh van Brekelenkam ait parfois peint des portraits et des natures mortes, il est avant tout réputé pour ses scènes de genre, avec notamment la représentation de métiers, devenue l’une de ses spécialités. Sa série de cordonniers et de tailleurs est d’ailleurs bien connue. Il a également produit des scènes d’école – plutôt tardives, dans les années 1660 – avec des personnages très réalistes. Ce thème, très répandu à partir des années 1630 dans la peinture hollandaise, avec la ville Haarlem pour centre, est redevable à Gerrit Dou, principal représentant de l’école de Leyde – et probable maître de Quiringh van Brekelenkam.

Terre cuite XVIIe-XVIIIe siècles
Luisa Roldán, appelée La Roldana (1652-1706), Vierge à l’enfant, vers 1690-1706, terre cuite polychrome. 41 x 27 x 23 cm. Lullo ꞏ Pampoulidès, Londres.
Prix proposé 1,9 million d’euros
Récemment redécouverte, cette terre cuite est un ajout rare au corpus d’œuvres connues de l’artiste Luisa Roldán. Elle est remarquable à plus d’un titre. C’est tout d’abord une femme, pionnière de l’âge d’or espagnol – la première sculptrice enregistrée en Espagne – qui, de surcroît, travaillait à la cour royale de Madrid, sous les rois Carlos II et Philippe V. Elle est aussi célèbre pour le développement d’un genre particulier de petites sculptures en terre cuite. Rares, peu de ses terres cuites sont recensées dans des collections privées et publiques, d’où son prix élevé.

Mobilier XVIIIe siècle
Meuble coquillier à hauteur d’appui, époque Louis XV, vers 1758. 94 x 161,5 x 49,5 cm. Steinitz, Paris.
Prix proposé supérieur à 2 millions d’euros
Ce meuble coquillier a été exécuté d’après les dessins de Louis-Joseph Le Lorrain, par Joseph Baumhauer, et orné de bronzes de Philippe Caffieri. Commandé pour le cabinet d’Ange-Laurent de Lalive de Jully, introducteur des ambassadeurs de Louis XV, dans son hôtel de la rue de Ménars à Paris, il vient accompagner un grand bureau plat et son cartonnier (aujourd’hui conservé au château de Chantilly). À la mort de Lalive de Jully, ce meuble appartiendra à Jacques-Philippe de Choiseul-Stainville, maréchal de France, puis à Sir Philip Sassoon, et ensuite à sa sœur.

Bronze du XIXe siècle
Auguste Rodin (1840-1917), Le Penseur, petit modèle, bronze à patine brune, modèle créé vers 1880-1881. H. 37,6 cm. Bowman Sculpture, Londres.
Prix proposé 8,9 millions d’euros
Bowman est la galerie la plus importante au monde en ce qui concerne les sculptures d’Auguste Rodin, l’un des plus grands sculpteurs français de la seconde moitié du XIXe siècle, considéré comme l’un des pères de la sculpture moderne. Ce bronze, montré pour la première fois à une foire depuis son acquisition vers 1910, a été fondu entre 1905 et 1914, sur un modèle créé vers 1880 – la présente réduction a été conçue en 1903. Il s’agit d’un des huit modèles fondus du vivant de l’artiste dans cette dimension. Une rareté.

Sculpture moderne
François Pompon (1855-1933), Ours blanc, 1927, pierre de Lens. H. 25 cm. Galerie Xavier Eeckhout, Paris.
Prix proposé autour de 350 000 €
Œuvre emblématique de la sculpture animalière du début du XXe siècle, l’ours de François Pompon est le modèle le plus célèbre du sculpteur. Il résume à lui seul sa volonté de simplification de la forme. Exemplaire numéro 9 d’une série de 12 en pierre de Lens, selon la technique de la taille directe, tous ont été exécutés entre 1924 et 1931. La première pièce monumentale a été présentée au Salon d’automne de 1922 (en plâtre, grandeur nature, 2 m 45, conservée au Musée des beaux-arts de Valenciennes), tandis que celle-ci, de plus petite taille, a été créée en 1924 et réalisé en 1927.

Art moderne
Giorgio De Chirico (1888-1978), Oreste et Pylade, 1928, gouache, fusain, pierre noire et estompe sur papier. 84 x 61 cm. The Mayor Gallery, Londres.
Prix proposé 700 000 €
La galerie londonienne, qui participe à Tefaf Maastricht depuis presque trente ans, présente cette œuvre métaphysique de De Chirico, dans laquelle les deux personnages prennent la forme de poètes-philosophes, métaphysiciens ou architectes que l’artiste a fréquemment représentés au milieu des années 1920, souvent assis dans des intérieurs ou près de fenêtres. Fusion de formes humaines et architecturales, ces figures sans visage sont un développement des premiers mannequins et statues du peintre italien. L’œuvre vient d’être montrée au Palais de Tokyo, dans l’exposition « Humpty-Dumpty », orchestrée par l’artiste français Cyprien Gaillard.

Après-guerre
Willem De Kooning (1904-1997), Untitled (Woman Abstraction), 1962-1963, huile sur papier marouflé sur panneau. 28,7 x 22,8 cm. Galerie von Vertes, Zürich.
Prix proposé 950 000 €
Cette œuvre – qui a appartenu au Musée Guggenheim de New York – fait partie de la quatrième série des « Woman » de Willem De Kooning, une série que l’artiste américain a commencée en 1960, après une période uniquement centrée sur les paysages abstraits. Si cette exécution s’apparente davantage aux paysages de ce type, elle fusionne en fait la femme et le paysage abstrait. Même si De Kooning est l’un des précurseurs de l’expressionnisme abstrait, la figure humaine et féminine en particulier reste au centre de sa peinture et ce, encore dans les années 1940.

Art contemporain
Ai Weiwei (né en 1957), Sleeping Venus, 2022, briques LEGO. 308 x 500,5 cm. Galerie Continua, San Gimignano, Beijing, Boissy-le-Châtel.
Prix proposé 1 million d’euros
Dans un geste très duchampien, Ai Weiwei transforme l’objet prêt à l’emploi de la brique Lego pour reproduire des tableaux célèbres, ici en la forme du chef-d’œuvre de la Renaissance : La Vénus endormie, de Giorgione, en quatorze couleurs différentes. Cette Vénus, symbole de la beauté et des proportions classiques, se heurte à un autre symbole, celui du commercialisme moderne et de la production de masse. L’artiste chinois n’a jamais caché son amour pour les célèbres petites briques en plastique qu’il avait notamment utilisées en 2016 pour réaliser une série de 176 portraits de dissidents politiques à travers le monde.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°606 du 3 mars 2023, avec le titre suivant : Les Trésors de la Tefaf

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