Justice

Soupçons de faux meubles Prouvé : relaxe pour Éric Touchaleaume

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 20 décembre 2021 - 409 mots

PARIS

Après plus d'une décennie de procédure judiciaire et d'expertises, le tribunal correctionnel de Paris a relaxé vendredi le marchand d'art parisien Éric Touchaleaume, soupçonné d'avoir vendu de faux meubles du créateur Jean Prouvé.

À l'origine du litige, une vente en avril 2008 chez Artcurial de la collection d'Éric Touchaleaume, lors de laquelle Patrick Séguin, Philippe Jousse et François Laffanour achètent deux fauteuils et une table pour 213 000 euros. Les quatre hommes, qui détiennent un quasi-monopole sur le marché Prouvé, ont longtemps collaboré. Mais leurs relations se sont dégradées au fur et à mesure que la cote de l'architecte, mort en 1984, s'envolait.

Un expert désigné par le trio conclut à des faux et ils déposent plainte en avril 2009, entraînant l'ouverture d'une enquête. S'ensuivront près d'une décennie de procédure, élargie à d'autres objets, qui sera marquée par une succession d'expertises, jusqu'au procès à l'automne 2021 pour Éric Touchaleaume, renvoyé pour « contrefaçon des œuvres de l'esprit », « faux et usage de faux » et « tromperie sur les qualités substantielles de la marchandise ».

À ses côtés au tribunal : le fournisseur des meubles depuis l'Algérie Abdelhakim Bouadi et un antiquaire de Nancy ayant fait l'intermédiaire, Redouane Faraji. Après en avoir délibéré, le tribunal a prononcé vendredi une relaxe générale, estimant que la fausseté des meubles n'était pas « établie » et, donc, qu'une violation des droits d'auteur ne l'était pas non plus. Le tribunal a aussi souligné que la paternité des meubles n'était pas revendiquée par les ayants droit du créateur.

En ce qui concerne des photographies et une lettre de Jean Prouvé datant de 1958, dont la falsification est cette fois certaine, le tribunal a estimé que les infractions de « faux » et « usage de faux » n'étaient cependant pas établies pour M. Touchaleaume et M. Bouadi, qui ont toujours contesté avoir su que ces documents étaient faux.

« La relaxe totale met donc un terme à plus de dix années de procédure au cours desquelles la réputation d'Éric Touchaleaume aura été injustement salie par des concurrents sciemment coalisés pour lui nuire », a commenté l'avocat du marchand d'art, Maître Antoine Vey, assurant que le « travail » de son client « s'en trouve réhabilité ». « C'est un grand soulagement », a pour sa part estimé Maître Philippe Valent, l'avocat de M. Faraji, « mais aussi un avertissement sérieux aux actions farfelues que se croient autorisées à lancer certains acteurs manifestement trop vaniteux du marché de l'art ». L'avocat des plaignants n'était pas joignable vendredi soir.

Cet article a été publié par l'AFP le 17 décembre 2021.

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